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au coin !

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On attend le changement !

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Pourvu qu’il ne pleuve pas…

Tape 1 si tu penses qu’on t’a pris pour un con toute l’année

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Ce soir, la nostalgie m’étreint avec un mélange de douceur et d’amertume aux accents de fin d’année.

L’IUFM, c’est terminé (pour la rime).

On pourrait penser que l’heure est au bilan, que cette page ne peut se tourner dans un bruit de froissement délicat sans crier au monde entier ma peine, ma douleur, sans que j’exprime enfin tout ce que j’ai appris en seulement quelques séances, que dis-je, une année entière.

Malheureusement, et ce pour le plus grand désarroi de ceux qui me lisent et portent en ce moment-même une main décharnée vers un coeur qui bat la chamade, dans un effort vain d’en calmer les soubresauts, je ne vais pas pouvoir tirer de bilan de cette année IUFMesque.

Tout simplement parce que je n’ai quasiment rien appris et qu’il me semble inutile d’en rajouter une couche et de verser dans la rancoeur qui a été la mienne toute l’année de gâcher une journée à écouter du blabla pseudo pédago-démago-démerdo-officiello chiant à mourir.

Par contre, je vous fais don de la dernière journée, parfaitement représentative de cette année.

Le matin : méga-teuf avec les inspecteurs de notre discipline. Qui nous ont expliqué la réforme du bac. VF, 3D, powerpoint,  grand luxe quoi. Un rebondissement est venu nous secouer de notre semi-somnolence : pour la première fois, on nous a demandé notre avis. A nous, les premiers concernés.

Les inspecteurs : « Est-ce que vous avez des idées à nous apporter pour améliorer la formation de vos collègues l’an prochain ? »

L’espace d’un instant j’ai craint le tremblement de terre, la révolution généralisée. J’ai cru être témoin, pour la première fois de ma courte vie, d‘un soulèvement, de barricades, d’un cri du peuple à faire tomber des têtes.

Qu’est-ce que je peux être naïve….

Comme nous étions environ 95 % de l’effectif à ne pas encore avoir été « visités » par nos inspecteurs adorés pour notre titularisation, c’est une version tiède de Mai 68 qui a suivi, du genre laissée trop longtemps au micro-ondes.

« Il faudrait que certains tuteurs soient dégagés de leurs responsabilités, je n’ai pas eu le temps de voir le mien aussi souvent que j’en avais besoin. »

« Certains stages du PAF (Plan Académique de Formation) tombaient en même temps que les journées IUFM, donc on ne pouvait assister qu’à la moitié et c’est bien dommage ! C’était teeeeeeellement passionnant. » (merci Miss Et-moi-et-moi-et-moi, n’oublie pas de lécher mes ballerines avant de repartir pendant que ta langue traîne par terre)

Je sais. Vous êtes choqués par le ton à la « J’accuse ». J’ai tenté de retranscrire au plus juste la violence des propos, pour que ce moment reste à jamais gravé sous wordpress.

Remarquez, je la ramène mais je n’ai pas été plus loquace que les autres et j’ai soigneusement évité de me mettre en danger (après recherche, ça a vraiment l’air sympa, la Somme !).

Bon, j’ai quand même mis mon grain de sel.

« Heu…est-ce que par exemple on pourrait  éventuellement envisager que le module « Gestion de classe » soit placé avant la pré-rentrée et pas 3 semaines après ? Ca me semble un peu plus judicieux, d’un point de vue organisation. »

Hochements de tête de mes rares collègues qui ne se prélassent pas dans les bras de Morphée. Feignasses de profs, tiens !

Réactions : Et que je dodeline de la tête et que je fais semblant de prendre des notes, comme si je n’y avais jamais pensé avant.

L’après-midi : Travail sur l’évaluation orale. Ah oui mais problème : la formatrice en charge du module n’a pas pu venir et a donc chargé une autre copine formatrice de faire le module. Sauf que la dame en question n’avait pas vraiment envie de faire le module, en fait. Nous non plus, ceci dit. Donc à la place, séance de thérapie collective. Su-per.

Je râle beaucoup, hein ? Ma réticence vient du fait que Miss Et-moi-et-moi-et-moi était dans mon groupe, une fois de plus. Et qu’il a fallu qu’elle la ramène pour dire des choses aussi passionnantes que Camping-car magazine quand on ne possède pas de camping-car.

J’ai lancé les hostilités en la jouant Caliméro :

« Je n’ai pas autant progressé que ce que j’aurais dû. Mon tuteur n’est pas dans mon établissement, mes collègues d’anglais ne me parlent presque pas parce qu’ils ne voulaient pas être tuteurs, et donc l’année a été un peu difficile. »

Réponse de la formatrice :

« Pour le tuteur, vous êtes un cas isolé (je suis ravie de l’apprendre, d’un coup mon horizon s’éclaire et j’oublie les mois de galère.) C’est normal que vous n’ayez pas eu le temps de progresser autant que vous auriez voulu. On ne vous demande pas la lune. Accrochez-vous, les vacances sont proches ! »

Mon arrêt maladie pour dépression nerveuse aussi.

Et là, intervention de Miss Et-moi-et-moi-et-moi : « C’est vrai que c’est difficile, avec les tuteurs. Par exemple le mien, qui est dans mon établissement, n’a pu me visiter qu’avec les 2 mêmes classes pendant toute l’année ! J’ai expliqué à mes classes qu’on préparait les cours ensemble, ça me semblait être la meilleure solution. »

Un meurtre. Je vais commettre un meurtre.

« Et sinon, vous avez rencontré des problèmes avec vos classes dont vous aimeriez qu’on parle ? »

Hmmmm Mike qui se prend pour un canard ou passe des coups de fil avec sa trousse ? Les 4eA qui sont capables de tout et n’importe dès que je tourne le dos ?

Re Miss Et-moi-et-moi-et-moi : « Moi je suis en lycée et c’est difficile quand ils n’osent pas parler. Parce que dans leur tête c’est trop la honte et c’est des fayots s’ils répondent aux questions de la prof, quoi. »

Au pire je risque quoi, si je la saigne devant tout le groupe ? Qu’on me dise merci ? Y’a pas un Monsieur Et-moi-et-moi-et-moi qui l’attend, c’est pas possible.

Pétage de câble de Tamara qui tente de se contenir difficilement et lance d’une voix dans laquelle pointent l’ironie et l’agacement.

« Oui. Ca s’appelle des ados, en fait. »

Coup d’oeil de la formatrice qui se rend compte que j’ai de la fumée qui sort des oreilles et le poing dans les starting-blocks.

« Voilà, votre collègue a raison, c’est typique des ados, ce genre d’attitude. »

Miss Et-moi-et-moi-et-moi, aussi fine qu’une tranche de rosette coupée par un boucher-charcutier apprenti à 5 heures du mat avec une trancheuse mal affutée n’a pas compris que c’était le moment de se taire. Une bonne occasion de souligner que le CAPES est parfois donné à des gens qui ne vivent qu’avec 2 neurones. Pauvre France de demain.

« Et en plus, certains se moquent ouvertement des « intellos » ! « 

Fichtre. A côté, un établissement ECLAIR, c’est une manifestation de playmobiles dans une bassine rouge en plastique avec des résidus de calcaire dans le fond. Qu’on se le dise.

Tamara : « Mais tu veux pas t’étouffer avec ton écharpe, là ? Ben tu les rembarres ! Quand tu te fais ridiculiser par la prof devant toute la classe, à priori, tu te la fermes pendant une semaine ! » (Genre faire chanter Alphonse devant toute la classe. Gniark gniark gniark)

De quoi faire hurler d’horreur un pédagogue averti, je le reconnais sans vergogne . Et rabattre un peu son caquet à l’autre, là.

Miss Et-moi-et-moi-et-moi à la fin de la journée

Pour clore ce post, un questionnaire envoyé par la DAFOP (division académique à la formation des professeurs) dans ma boîte mail.

Avez-vous participé au module « Entrée dans le métier ? »

Gné ? Les quelques jours avant la rentrée, tu veux dire ? A écouter des billevesées sur les programmes officiels et à ne pas apprendre comment gérer une classe ou faire un cours chez soi ? Ben heu… ouais, j’étais là. ‘fin, physiquement.

Pour chaque proposition merci d’indiquer votre appréciation sur une échelle de 1 (très insuffisant) à 4 (très satisfaisant)

Conditions matérielles : Y’avait un ordi et un vidéo proj’. Allez, je mets 3.

Clarté des objectifs : J’ai toujours pas compris, donc 1.

Adaptation du contenu aux objectifs : Pas compris. 1.

Qualité des méthodes et démarches de formation : Heu…2 ? Ils se sont déplacés, quand même.

Alternance théorie/mise en situation : J’ai passé la journée les fesses sur une chaise à faire semblant de prendre des notes avec mon ordinateur. 1.

Pertinence des contenus en vue d’un transfert : inutilisable en classe. 1.

J’ai noté tous les modules auxquels j’ai assisté pendant l’année, et ai tenté d’être plus clémente avec ceux du PAF. Parce qu’ils le valent bien.

Saturation, extension

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J’adore ce métier.

Je fais partie des gens qui ont une vocation, et ont réussi le concours pour leur plus grande joie

Ces profs qui aiment bien chercher de nouvelles méthodes, des documents intéressants pour les élèves et monter des super projets en inter-disciplines alors que je suis que stagiaire et que normalement je devrais me cantonner à des trucs simples et sans trop de risques.

Je pars juste du principe que si une leçon m’emmerde déjà moi, je vois pas comment elle pourrait intéresser des collégiens.

L’autre jour, à la fin d’un cours, Elisa de 6eD est venue me dire : « c’était trop bien aujourd’hui, Miss ! J’ai adorééé ! ». J’avais passé 4 heures la veille à leur pondre une tâche finale pour créer leur superhéros. J’ai cru que j’allais pleurer tellement j’étais contente.

En fait j’ai pleuré d’épuisement.

Je ne sais pas ce que fout le gouvernement, et combien de temps encore les stagiaires vont être considérés comme des esclaves, à bosser comme des dingues pour tenter d’apprendre le métier tout en enseignant eux-même. Le gros n’importe quoi commence à me peser sérieusement. Il existe peu de métiers dans lesquels on est presque pas formé. Etre enseignant-stagiaire à l’heure actuelle, c’est un peu comme si vous aviez décidé de conduire une grue sur un chantier, sans aucune explication, qu’on vous balançait dans la cabine en vous disant : « Fais comme tu peux, on t’expliquera quel bouton est lequel d’ici 2 semaines ». Je prends une image hyper subtile pour rappeler qu’on nous a expliqué comment faire de la « gestion de classe » 2 ou 3 semaines après la rentrée. Elle est où, l’embrouille ? Ils le savent pas, que récupérer une classe niveau discipline quand on a merdé c’est quasi-impossible ? Je ne peux même pas dire en quoi cet atelier a été utile, une fois de plus c’était du blabla à la sauce pseudo-pédago-psycho-démago, immangeable et insipide.

J’en ai ras-le-bol de ne jamais avoir une soirée de libre parce qu’il faut que je bosse, de ne pas être foutue de passer un week-end sans forcément tenter de produire une séquence ou alors de me sentir tellement mal de ne pas avoir osé bosser pendant 2 jours que je ne peux pas faire la grasse mat’ ou être zen en matant une série américaine. Je n’ai pas le droit de glander occasionnellement.

18 heures de cours à préparer par semaine, bordel. Mon tuteur n’est même pas dans mon établissement, et le bilan que je peux faire à l’heure actuelle, c’est que j’ai des séances qui se battent en duel et ne sont pas bien organisées, et surtout que je n’ai pas progressé autant que j’aurais dû.

Mes élèves me respectent, et j’ai un peu d’autorité, mais c’est aussi parce que je bosse dans un établissement plutôt calme, avec une cohésion sur le plan discipline, avec des parents d’élèves qui pour la plupart surveillent la scolarité de leurs enfants (au lieu d’écrire des conneries sur des blogs pour dénoncer le concept des devoirs).

On ne m’a jamais appris à préparer une séquence, je suis censée me former sur le tas, avec tout ce que je peux trouver un peu partout, les coups de main des potes stagiaires et titulaires, et occasionnellement les idées de l’IUFM. Je croise rarement mes collègues d’anglais qui de toute façon n’ont pas envie de s’embarrasser d’une stagiaire.

Je fais de gros efforts pour ne pas péter un câble en classe quand ils n’écoutent pas et ne comprennent pas une séance que j’ai finie à 3 heures du mat’.

Je prends énormément sur moi pour être calme, tranquille et zen avec les élèves alors que je ne fais quasiment plus de sport, vu que j’ai déjà à peine le temps de dormir….

Je ne sais pas encore combien de temps je vais tenir sans vraiment m’énerver et aller dire en face au ministre de l’Education Nationale que non, tout ne se passe pas super bien pour les stagiaires et que oui, il faudrait qu’il se sorte les doigts du cul et reconsidère leur formation, ce que tout le monde s’accorde à penser depuis plus de 2 ans.

Je veux bien avoir le sens de l’humour, voir le positif de chaque chose et être sympa, mais je ne suis pas un superhéros, et à ce rythme pourri, je ne suis pas sûre de tenir longtemps.

Je ne suis pas une feignasse, je sais bosser à une cadence élevée : j’ai fait hypokhâgne, khâgne, une double licence, une année d’assistanat à l’étranger pendant laquelle je faisais cours la journée et m’occupais d’un internat le soir, avant de préparer et réussir le capes puis de tenter et de rater l’agrégation.

Mais là, c’est trop.

Qu’en dirait Freud ?

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Vous me connaissez, c’est pas mon genre de critiquer l’IUFM. On ne m’entendra pas dire que j’ai mieux à faire que d’aller passer la journée là-bas, du genre dormir, regarder un épisode de Downton Abbey, regarder ce que je peux me payer avec l’augmentation de salaire dont bénéficient désormais les stagiaires (passer des nouilles 1er prix aux Barilla, mon rêve est enfin réalisé), peaufiner ma séquence sur le passif, m’interroger sur mon avenir en terre picarde….

Je ne m’abaisserai pas à dire qu’on nous prend vraiment pour des abrutis et que bien souvent j’ai l’impression d’y perdre mon temps. Parce que se former, c’est important, et qu’il faut savoir se raccrocher au peu de formation que l’on nous accorde.

J’en vois qui rigolent, au fond, si ça ne vous intéresse pas vous pouvez sortir !

Bon, j’ai encore gâché une journée à écouter des sornettes sans fin (oui, des fois j’aime bien jurer comme une écolière du 19e).  J’oscille entre exaspération, tristesse, énervement, prise de tête et ironie sournoise. Je vous mets tout dans un paquet avec un ruban autour.

J’y croyais au début, en plus. Nan mais vraiment (pour les deux du fond qui se marrent, amusés par cette naïveté que je me trimballe depuis ma tendre adolescence), j’avais l’espoir, en voyant le programme de la journée, d’apprendre quelque chose. Je me suis fourrée le doigt dans l’oeil jusqu’au petit orteil.

Matin : Atelier sur la sexualité et les jeunes. Décodage façon Tamara : Apprendre à gérer Dylan lorsqu’il se masturbe en cours, Kévin qui mime une fellation quand j’explique un exercice, ou expliquer à Lucas pourquoi ce n’est pas correct d’apostropher Jessica dans les couloirs avec l’expression : « Va  sucer des bites, salope ! »

Après-midi : Atelier sur l’image et les médias. Décodage façon Tamara : Comprendre comment les médias ont réussi à faire des générations d’anorexiques, boulimiques, obèses, complexés au possible par leur apparence, leur faire comprendre que même s’ils n’ont pas une tronche de papier glacé et le dernier Longchamp, ils ont le droit de vivre.

C’était mal connaître l’IUFM (ton univers impitoyaaaableu).

Le matin, une infirmière-psychologue a accueilli mon atelier avec un enthousiasme proche du délire. Comme elle n’était pas formatrice IUFM, je ne me suis pas méfié. J’aurais dû.

« Vous allez commencer par m’écrire les 10 mots qui vous viennent à l’esprit quand on vous dit « sexualité ». Ensuite vous les classerez dans 2 pommes différentes. »

2 « pommes ».

Des catégories, on dit, chez les adultes. Mais bon.

Cette activité a eu le mérite de ramener à la vie les adolescents qui sommeillaient en nous : gloussements, sous-entendus, clin d’oeils complices, etc…

Après un déballage de « qui a trouvé quoi », nous avons eu droit à un diaporama qui a duré toute la matinée. Sur l’âge de la majorité sexuelle, le cerveau de l’adolescent, bref comme d’hab’, tout dans la théorie, rien dans la pratique.

Au fait, j’ai dit que Miss Et-moi-et-moi-et-moi était dans ce groupe ? Nan ?

Ben elle était dans ce groupe.

Mais curieusement, peut-être par instinct de survie et pour le bien-être de toute la communauté, on ne l’a pas entendue. Une extinction de voix, probablement.

Matinée de foutue, donc.

Et l’après-midi, me direz-vous ?

Je ne me souviens que d’une chose : l’étude de publicités des années 50. Nous être fait expliquer en long, en large et en travers comment la campagne de pub d’un soda pétillant de couleur marron réussit à nous donner soif rien qu’avec la couleur rouge.

Respect.

Merde. C’est la couleur de mes nouvelles chaussures.

« Allez, on se barre, Tamara ? On lui a dit qu’on décollait à 16h parce qu’on avait un conseil de classe ! »

« Mais il est 15h30, bordel ! On peut pas partir maintenant, ça se fait pas ! »

« Tu dis ça par conscience professionnelle, ou parce que tu n’as pas fini de te limer les ongles de la main droite ? »

« Les deux, mon capitaine. »

L’important, c’est l’apprenant.

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Qu’on ne s’y trompe pas.

J’adore aller passer la journée à l’IUFM dans une ville avec des arrondissements, retrouver mes potes et faire l’élève derrière sa table en disant des méchancetés sur le prof.

C’est pas le problème.

Je trouve qu’occasionnellement on nous donne des SUPER bonnes idées de projets à mettre en oeuvre dans nos classes et établissements.

Occasionnellement.

Le problème, c’est pas toujours les formateurs. C’est aussi les autres stagiaires. Je ne m’érige pas en cerveau du groupe, une espèce de super-stagiaire au QI supérieur, qui sait déjà tout du métier et émerveille par ses remarques pertinentes.  Mon niveau de prétention n’est pas assez élevé pour ça.

Quoique….

Certains stagiaires sont quand même loin d’être des lumières.  Ou alors « The light’s on, no one’s home », comme on dit en anglais. J’ai sans doute cette impression parce que j’ai passé mon après-midi à tenter de travailler dans un groupe avec 3 autres personnes qui apparemment étaient un peu à la ramasse. Ce fut dur.

Très dur.

Le thème de la journée : Les élèves en difficulté.

Après avoir passé la matinée en conférence avec un sociologue qui a tenté de nous inculquer des concepts passionnants du type « démocratisation ségrégative », « adultérisation », et autres gros mots, nous avons été répartis l’après-midi en groupes par matière.

Le formateur avait préparé des études de cas. A, B, C ou D. Chacun devait réfléchir sur son étude de cas, trouver les causes et les conseils et solutions. 5 minutes plus tard, les stagiaires qui avaient étudié le cas A devaient se rassembler, pareil pour B…Etc. Le but : débattre de ce que chacun avait trouvé, mettre en commun avant de « rapporter » auprès des autres membres du groupe.

Là, ça a commencé à être pénible.

Ou plutôt, certaines personnalités se sont distinguées.

Miss Et-moi-et-moi-et-moi: Caractéristiques : interrompt en permanence les autres pour ajouter sa petite anecdote et parler de sa vie. Effets sur le stagiaire et l’être humain en général : réaction épidermique, envie de foutre des baffes, ou d’entonner une célèbre chanson de Patrick Sébastien (pas le petit bonhomme en mousse)

Miss « en fait heuuuu »: Caractéristiques : commence chacune de ses phrases par « en fait heuuuu », balance occasionnellement des phrases d’une pertinence redoutable du type « les élèves sont tous différents. » Effets sur le stagiaire et l’être humain en général : consternation, léger énervement à chaque amorce de phrase.

Miss « j’aime parler hyper fort et je suis hystérique »: Caractéristiques : à chaque pause, sort son paquet de copie et corrige en faisant des commentaires à voix haute. Parle toujours à voix haute, d’ailleurs. Son rire perce les tympans de toute personne à 400 mètres à la ronde. Effets sur le stagiaire et l’être humain en général : irritation du système auditif, irritation tout court.

Mon groupe, le groupe B, avait l’honneur de compter parmi ses rangs Miss « en fait, heuuuu », plus une stagiaire qui n’a pas pu rester parce qu’elle devait prendre son train, et une autre qui a décrété qu’elle était en lycée, et qu’elle n’avait pas ce genre de problème en lycée donc qu’elle n’allait pas être très utile à la conversation.

Génial.

« Vous avez beau répéter la consigne plusieurs fois, il y a toujours des élèves qui ne savent pas quoi faire. » Effectivement, en lycée ça n’arrive jamais.

Moi : Alors dans les causes vous avez mis quoi ?

Miss « en fait, heuuuuu » : En fait, heuuuu…. Soit ils ont pas écouté, soit ils sont cons.

Autre stagiaire : Moi j’ai pas ce problème en lycée.

Moi : Ils ont peut-être pas écouté, mais on peut aussi mettre que la consigne n’a pas été bien expliquée, non ?

Miss « en fait, heuuuuu » : En fait, heu……Ah ouais, peut-être

Autre stagiaire : Qui c’est qui rapporte ? Moi j’ai pas envie de le faire, en plus vu que j’ai pas ce problème au lycée…

Miss « en fait, heuuuu » : En fait, heuuuuu……Ouais moi non plus. Vas-y, toi, t’es à fond dedans.

Le tout en me pointant du bout de son stylo. Sympa. Me concentrer sur le tableau pour éviter de lui faire bouffer son stylo.

Moi : Et dans les solutions ?

Miss « en fait, heuuuu » : En fait, heu….Ben faut répéter la consigne jusqu’à ce qu’ils captent. Et sinon tu leur dis qu’ils demandent à leurs camarades, faut qu’ils apprennent l’autonomie.

Autre stagiaire : Ils sont plutôt autonomes, dans mon lycée.

Moi : Reformuler la consigne, non ? Et l’écrire au tableau ? La faire expliquer par un élève ?

Miss « en fait, heuuuu… » : En fait, heuuu… ouais, c’est bien, ça.

Le tout sur fond sonore « Miss hystéro » à plein tube : et que je te raconte ma vie, et que j’éclate de rire, et que je sors mes copies pour montrer comme mes élèves sont nuls….

Au moment de tout mettre en commun, Miss Et-moi-et-moi-et-moi a fait son apparition. Chaque intervention de stagiaire était ponctuée par une anecdote personnelle passionnante.

Groupe A : On a travaillé sur l’exemple d’une classe dans laquelle il y a beaucoup de chahut, et avec laquelle c’est difficile de travailler. Le cours est haché et il faut sans cesse faire de la discipline. D’un point de vue solutions, on a pas trouvé grand-chose, on galère beaucoup ! L’une d’entre nous a dit qu’elle menaçait régulièrement avec des interros surprises.

Miss Et-moi-et-moi-et-moi : C’est comme pour moi, quand ils discutent, je fronce les sourcils et je dis « chut », j’ai remarqué que ça marchait bien.

Silence et échange de regards consternés.

Le formateur : Les autres, vous avez des solutions à proposer ?

Miss « En fait, heuuuuu »: En fait, heuuu…Les ados, ça parle beaucoup, en fait. Donc bon faut les menacer.

Miss Et-moi-et-moi-et-moi : Ca se voit quand on leur propose de discuter sur des thèmes qui les intéresse. Je me souviens, une fois, j’ai organisé un débat sur les droits de la femme et ils étaient à fond dedans. Ca a été 20 minutes de pur débat en anglais, un régal pour les oreilles.

Autre stagiaire : Ah oui, les débats au lycée, c’est bien.

Miss hystéro : « Ca, quand il s’agit de papoter !!! Ahahahahaaaa !! »

Certains stagiaires avancent des idées, le formateur en propose certaines, on passe au cas suivant.

Groupe C : Nous on s’est penché sur le problème de la mauvaise ambiance de classe. Comment créer une cohésion, tout ça.

Miss Et-moi-et-moi-et-moi : C’est vrai que c’est difficile. Moi ils viennent toujours avec le sourire aux lèvres en me disant qu’on va bien s’amuser parce qu’ils adorent l’anglais. C’est vrai que je propose des activités tellement ludiques. Ils travaillent sans s’en rendre compte.

Miss « en fait, heuuuu.. » : En fait, heuuu…. Il faut savoir attirer leur attention, pour qu’ils aiment la matière et s’entendent bien entre eux. L’important, c’est l’apprenant.

Miss hystéro : Ah ouiiiiiiiii !!!! Mais attirer leur attention, c’est duuuuuur !!! »

Le formateur lui lance un regard vide. Puis il se tourne vers nous autres, attendant des suggestions. Quelques stagiaires tentent le coup, provoquant systématiquement une anecdote de la part de Mis Et-moi-et-moi-et-moi, appuyée par Miss « En fait, heuuuu ». Le pétage de plombs n’est pas loin.

Moi : Je mise beaucoup sur l’humour, personnellement. J’ai mes « private jokes » pour chaque classe, et je dois reconnaître que ça aide beaucoup.

Le formateur : Vous pouvez développer ?

Moi : Et bien, par exemple pour les 4eC je ….

Miss Et-moi-et-moi-et-moi : Ca me rappelle le dernier débat que j’ai organisé en 1ère. Ils sont arrivés dans la salle de classe, j’avais poussé les tables au fond de la classe et placé les chaises en cercle.  Fallait voir leur tête quand ils sont arrivés dans la salle ! Ils étaient vraiment surpris ! »

Miss « en fait, heuuuu » : Oui c’est important de changer les tables de place, des fois.

Miss hystéro : Mais ouiiiiiiiiiiii !! Tout à fait !! Bousculer leurs petites habitudes, tout çaaaa !!! Hihihiiiii !

J’ai tout simplement fait ce qu’elles auraient dû faire tout l’après-midi. La boucler.

J’ai rarement éprouvé autant de bonheur à l’idée de retrouver mes chers petits.

Une conclusion s’impose : Mes élèves sont des génies bien élevés. Certaines stagiaires, par contre….