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Proximité mon amour

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Ma conscience professionnelle me perdra.

J’avais déjà expliqué brièvement que, comme je n’aime pas conduire, je me suis installée à proximité de mon collège pour éviter les longs trajets, ce qui me permet d’être dans les prem’s au collège pour faire mes photocopies.

Là où ça me joue des tours, c’est que le moindre achat de baguette de pain ou de yaourts natures à la supérette du coin se solde par une rencontre avec un des mes élèves. Et le scoop absolument capital que Madame T. était hier au Super U, en jean et baskets, en train d’acheter des yaourts natures premier prix a vite fait de parcourir le collège. Même si je me suis déjà retrouvée dans des situations un peu plus compromettantes.

Comme par exemple la semaine dernière.

En adulte prévoyante et mature, j’ai déposé mon préavis pour le 1er juillet (histoire de financer fingers-in-the-nose le déménagement en Picardie et les éventuelles expéditions à Ikéa), après m’être assurée auprès de plusieurs collègues que je pourrais squatter à leur domicile pendant la dernière semaine avant les vacances d’été.

Qui dit préavis dit visites de futurs locataires.

Mercredi aprem’, j’avais pris soin de ranger un minimum le chaos / flou artistique de mon appartement, fait la vaisselle, puis me suis mise au boulot, chaussons violets aux pieds. Parce que bon, c’est p’t’être une visite d’appart’, mais c’est pas un entretien d’embauche, donc chez moi, ben je porte mes chaussons violets avec des coeurs dessus.

Donc quand mon proprio a sonné avec la future locataire, je suis allée ouvrir la porte, toujours avec mes chaussons aux pieds.

Sur le pas de la porte, il avait mon proprio, l’éventuelle future locataire.

Jusque-là, tout va bien.

Il y avait aussi une 3ème personne.

Une de mes élèves de sixième.

En fait, c’était la soeur de l’éventuelle future locataire.

Et j’ai mes chaussons violets aux pieds.

Et ma collection de nains de jardin trône bien en évidence dans mon salon.

Tout va bien.

Petit sourire décontracté dans le plus pur style « je suis une prof trop cool qui s’en fout complètement que tu viennes dans mon intimité ».

« Bonjour M. F ! Alors, on emmène des élèves dans mon appartement ? Ahaha ! »

Tais-toi, en fait, Tamara. C’est mieux.

« Je vous fais visiter, alors ? Donc le salon, très lumineux comme vous pouvez le voir. (avec ma collection de nains de jardin à laquelle mon élève de 6ème, Erine de son prénom, jette des coups d’oeil surpris. Madame T. a des nains de jardin dans son salon.)

Alors l’avantage du couloir d’entrée c’est qu’il y a des rangements un peu partout. (j’ouvre une porte de placard qui donne sur mes 25 paires de chaussures, ma caisse à outils, ma perceuse. Le premier qui tente de dresser un profil psychologique de ma personne risque de tester l’ergonomie du nain de jardin en profondeur.)

Au niveau de la cuisine, pas mal de rangements aussi. » (heu rapidement, dans quel placard c’est à peu près rangé ?  Celui du p’tit dèj, j’crois)

J’ouvre le placard, une boîte de thé tombe et s’écrase par terre. Mr Bean fait visiter son appart’.

C’est le moment qu’a choisi mon portable pour sonner. Et ma sonnerie est à l’image de ma personne : classe, distinguée, de bon goût. Le petit bonhomme en mousse. Nan, je déconne. Mais ça aurait pu.

« Taaaaaaaaaaaaaaaaaaaaam tu fais quoi dimanche? On prévoit de quoi boire et faire les loques devant les résultats des présidentielles ? »

« Ca me semble être une bonne idée, oui. »

« Pourquoi tu parles comme ça ? T’amènes quoi ? Du rhum pour faire des mojitos ? »

« Oui ça doit pouvoir se faire. »

« T’es occupée, là, nan ? »

« Voilà ! »

« Ok, je te rappelle ! »

« Je vous montre la salle de bain. (qui normalement est en ordre, nettoyée, et tout) Donc il y a un rangement sous le lavabo, et un sèche-serviette. La cabine de douche est plutôt grande. »

Et elle contient un seau avec une partie de ma lingerie qui trempe depuis hier soir. Un des nombreux trucs que je n’ai pas terminé de faire hier soir. C’est un cauchemar ? Ca y ressemble beaucoup. La prochaine étape, c’est quoi ? Ma robe se déchire toute seule et je chante et danse la macarena au milieu du salon ?

« Je vous montre la terrasse ? »

A qui je pose la question ? La soeur d’Erine ou moi-même ?

Direction la terrasse, donc.

« Il y a du linge étendu sur la terrasseuuu, et c’est joliiiii !!! »

Faire visiter ma chambre avec le lit à baldaquin et les draps imprimés « Union Jack » n’ont été qu’une formalité. A un cliché près…

Compréhensif, mon proprio a compris que le moment d’écourter la visite était venu.

« Bon, on ne va pas vous déranger plus longtemps, Madame T. Merci beaucoup ! »

« Pas de problèèèèème ! «  (sourire hyper détendu) « Au revoir ! A demain, Erine ! Ahaha ! »

Soupir de soulagement en refermant la porte. Texto affolé envoyé en quatrième vitesse à Sophie : « Mon proprio est venu visiter mon appart avec la soeur d’Erine D…. et Erine D. ! Aaaaaaaaaaaaaaaah ! »

3 secondes plus tard : « Une seule solution : l’exil en Picardie. Je connais un très bon passeur, et de confiance. »

« Il fait des prix pour les profs si on a le pass éducation ? »

« T’inquiète. Et tu te détends, Erine est toute timide et discrète, ton honneur est sauf. »

A l’occas’, faudra que j’invite Sophie pour qu’elle constate l’étendue des dégâts.

Wanna cuppa, mate ?

Lost in the middle of nowhere

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 » Il faut que tu t’accroches, Emily. On va s’en sortir. Je ne sais pas comment et je ne sais pas quand, mais je te jure qu’on va s’en sortir. On retrouvera le café où on allait avec nos amis pour discuter musique et ciné, on ira à la fac, au ciné. Tiens bon. »

« Je n’en peux plus, Henry. Je n’ai plus de force. Laisse-moi ici et continue. Tu dois te battre. Moi, j’en suis incapable. »

« Pas question ! Il faut tenir ! On est arrivés ici ensemble, on en repartira ensemble ! Je ne te laisserai pas ici toute seule ! »

Passer des semaines dans ce monde parallèle les avait désorientés au possible. Plus rien n’avait de sens, tous les repères auxquels ils s’étaient accrochés ces dernières années avaient disparu, laissant place à un chaos épais et brumeux. Chaque jour présentait son lot d’attaques en tout genre : elles pouvaient survenir à n’importe quel moment, sur n’importe quel front. Les deux amis ne connaissaient pas de répit. A mesure que leur espoir s’étiolait, ils continuaient leur marche effrénée vers une destination inconnue.

« Arrêtons-nous un instant. » proposa Henry, qui lui-même était à bout.

« Je ne comprends pas pourquoi tant de violence, pourquoi on ne peut pas s’en sortir plus rapidement que ça. Est-ce que c’était pareil il y a 5 ans ? Je ne me souviens plus de rien, j’ai tout oublié. »

« Je ne sais plus. Mais le bout du tunnel…. »

« Est-ce qu’il existe vraiment, ce bout du tunnel ? » le coupa brutalement Emily. « Moi j’ai cessé d’y croire. Toutes ces promesses, ces règlements de compte, ces calomnies sans fin… » 

« Tu ne peux pas dire ça !! On va s’en sortir, d’une façon ou d’une autre. »

Un rire amer s’échappa de la gorge d’Emily. Elle finit par soupirer.

« Ils disent tous ça…. »

L’air cynique de son visage se volatilisa au profit d’une horreur quasi-muette. Henry tourna la tête.

« Oh mon dieu ! C’est horrible ! Des profs qui travaillent 18 heures par semaine !! Ils foncent droit sur nous ! »

Emily était pétrifiée, assise en tailleur sur l’herbe desséchée.  Henry la saisit violemment par le poignet :

« Il faut partir ! Vite ! Je veux vivre une vie respectable ! Je veux travailler, bien gagner ma vie ! Je ne veux pas être une feignasse !! Tu m’entends, Emily ?? « 

Elle le suivit, toujours en transe. Au bout de quelques minutes, ils parvinrent à semer la horde d’enseignants en furie. Ils arrivèrent à une grotte dans laquelle ils se réfugièrent pour reprendre leur souffle. Emily ne parlait toujours pas.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Je…. Non, c’est impossible…. » Elle secoua la tête, puis saisit un morceau de roche calcaire avant de faire face au mur.

18 fut le premier chiffre qu’elle inscrivit.

Henry l’observait sans dire un mot, se demandant si elle avait perdu la tête.

Elle multiplia le chiffre par 2.

Ajouta « rencontres parents-profs » et « conseils de classe ».

Elle murmura : « Mais alors… ils travaillent déjà plus de 26 heures par semaine … »

Ne supportant plus ce suspense, Henry se leva et s’approcha du mur.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? A quoi correspondent ces chiffres ? »

« Un prof certifié doit faire 18 heures par semaine, d’accord ? »

« 18 heures par semaine, pfff…. quelle bande de bras cassés ! »

« Attends ! Tu te souviens du vieux sage ? Celui qu’on a rencontré il y a 6 mois ? »

Henry ferma les yeux et fronça les sourcils. Progressivement, la mémoire lui revint, ainsi que les paroles du vieux sage : « Qui enseigne, prépare. »

« Mais alors, ce «  x 2  » voudrait dire que … ? »

« Qu’ils font au moins 36 heures par semaine, oui ! Et attends, je n’ai pas fini ! »

Pour Henry, c’était déjà trop. Il se laissa tomber lourdement sur le sol, et se prit la tête entre les mains.

« Ce n’est pas possible. »

« Si tu ajoutes les conseils de classe, les corrections de copies, les bulletins et les rencontres avec les parents, on dépasse les 45 heures par semaine, Henry. »

« Mais alors….ce monde dans lequel nous évoluons ?? »

« Il n’est pas réel !! Nous sommes prisonniers d’une illusion ! »

« Mais…comment allons nous sortir d’ici ? »

Emily scruta les environs. Un rictus amer se dessina sur ses lèvres. Qu’espérait-elle trouver ? Une issue de secours, une porte blindée ?

Soudain, elle entendit un gargouillis étrange derrière elle. Ce qu’elle vit en se retournant la fit bondir.

« Henry ! Nooon ! »

Une stalactite s’était décrochée et était venue se loger dans la poitrine de son ami, qui gisait au sol, agité de soubresauts :

« Dimanche….. le bulletin…. l’urne….tu dois promettre que…. »

« Mais ? Et la procuration ? Tu l’as faite ? Comment as-tu su ? »

La commissure des lèvres de Henry tenta de former un sourire.

« Je crois qu’au fond de moi j’ai toujours su. Tu le feras, n’est-ce pas ? »

« Tu ne peux pas me demander ça ! C’est trop dur ! »

« Il le faut. Jure moi. »

« Je t’en prie …. »

« Jure moi que tu le feras. Il faut que tu vives. Que tu t’en sortes. Jure. »

Emily parvint à ravaler la cascade de larmes qui menaçait de jaillir à chaque instant.

« Je te jure que j’irai voter. »

« Et si jamais ça ne marche pas, souviens-toi que….Arrrrrrrgh. »

Les paupières de Henry se refermèrent doucement. Laissant enfin éclater son chagrin à la vue du corps de son ami, sacrifié sur l’autel d’une vie politique trop violente, Emily s’effondra.

Quelques heures plus tard, après avoir enterré le corps de Henry et fredonné, le coeur lourd, l’Internationale, Emily rassembla le peu de forces qui lui restait et se remit en route.

Alors que le bruit de ses pas résonnait sur le pavé, elle se remémora les paroles de Henry.

Plus que quelques jours.

Arrrrrrrrrrgh.

6e, ton univers impitoyaableu

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Je vous avais déjà expliqué comment j’étais passé d’un état fortement sceptique (voire sceptique carrément mais en faisant semblant, le genre « fausse sceptique »…. La sortie, c’est par là ?) vis-vis du 6e à une entente plus que cordiale.

Certaines réminiscences me parviennent par bouffées. Et j’avoue que régulièrement, ils me filent des migraines à me taper la tête contre le tableau blanc.

Mais observons plutôt le 6e en situation.

Contexte : Soucieuse de respecter les Instructions Officielles, Madame T. a préparé pour aujourd’hui une activité « pairwork » pour laquelle les 6e, par 2 donc, devront communiquer à l’anglais. Propice à la complicité et à l’échange dans une langue étrangère, chacun s’accordera à dire que ce genre d’exercice est absolument parfait pour la cohésion et blablabla…..

La vraie vérité vraie des adultes :Consciente que mon tuteur venait ce jour-là pour « observer ma progression » et voulant éviter qu’il écrive dans son rapport que j’étais une incompétente notoire, même pas capable de s’occuper de chèvres dans le Vercors (d’autant que je déteste le fromage de chèvres, alors aucun intérêt ), j’avais tenté de préparer une séance bien sous tout rapport. Séance achevée à 2 heures du matin après avoir vaguement mis bout-à-bout des exercices interactifs pour les 5e et pesté devant les copies des 4e pas foutus d’apprendre 10 verbes irréguliers en une semaine.

A 2h05, ravie  que tous mes cours soient prêts pour le lendemain, envahie par un sentiment de fierté, j’ai songé à consulter mon agenda pour y constater que je n’aurais pas les 5e demain car ils avaient une intervention sur les dépendances.

Merde. J’aurais pu me coucher à minuit et demi.

En réglant mon réveil sur mon portable, je me suis rendu compte que mon tuteur m’avait envoyé un texto pour m’informer qu’il ne pourrait pas venir demain.

Re-merde. RIP ma nuit de sommeil.

Mais revenons plutôt aux 6e.

08h05 : je sépare Dylan et Eloi qui se balancent des coups de pieds « mais c’était pour s’amuser, madame ! ». Je saisis l’occasion pour leur expliquer ma propre conception du fun, à savoir faire signer un mot dans son carnet par ses parents après avoir recopié 50 fois « la violence ne résout rien et elle est interdite ».

Dylan tente un « Pffff de toute façon, j’la ferai pas votre punition. »Je lui réplique vertement que s’il préfère venir passer 3 heures en ma compagnie le mercredi après-midi au collège pour tenter de copier 1000 fois cette petite phrase, je me ferai un plaisir d’en informer Ze Big Boss. Pas de réponse. Dylan est nounouille dans la vie en général, mais pas assez pour se mettre Ze Big Boss ET Madame T. sur le dos.

08h07 : Brenda vient m’annoncer avec un petit sourire aux lèvres qu’elle n’a pas fait ses exercices pour aujourd’hui. Comme c’est la 3e fois en une semaine, je lui réponds avec le même petit sourire qu’elle viendra en retenue la semaine prochaine. Larmes, « ma mère va me tuer », mouchoir, regard compatissant de Cassandra pendant qu’Emma me fusille du regard. Ouh, j’ai peur.

08H08 : Ashley vient me demander pour la 6e fois ce mois-ci pour changer le plan de classe et qu’elle se retrouve ENFIN à côté de sa meilleure-copine-pour-toute-la-vie-que-je-t’aime-pour-toujours-ma-chérie-bestah-d’amour, j’ai nommé Alessia. Un froncement de sourcils suffit à lui faire comprendre que c’est non, et elle retourne à sa place en soupirant. C’est qui le chef ici, bordel ?

08H09 : Je fais dire aux 6e la météo, l’heure qu’il est et comment ils vont, le tout dans la langue de Shakespeare. Nous sommes en avril, et Dylan n’a toujours pas compris qu’on ne répond pas « it’s raining » à la question « What time is it, please ? »

08H10 : J’envoie Eloi chez Thierry le CPE après une plainte de Cassandra : il s’amuse à faire claquer les bretelles de son soutien-gorge. Au-delà du fait que je ne vois pas pourquoi elle en porte un et que j’ai bien envie de claquer Eloi qui se marre comme un tordu, je rédige une exclusion de cours à l’attention de Thierry le CPE, choisissant bien mes mots pour qu’il se marre. (« Eloi joue de la harpe avec des bretelles de soutien-gorge. Amuse-toi bien ! »)

08H12 : Je distribue le pairwork et constate avec un plaisir non dissimulé que grâce à l’exclusion d’Eloi Strauss-Kahn, Les 6e SONT en nombre pair. Alleluia.

08H17 : Après avoir ramé comme une galèrienne pour leur expliquer les consignes « in English » avec force de mimes, dessins, et démonstrations powerpoint, les 6e semblent avoir compris. Dylan m’informe qu’il a perdu le papier que je viens de lui distribuer.

08H19 : Les 3/4 de la classe se sont mis au boulot. Le Père Noël existe, donc.

08H23 : Dylan m’informe qu’il n’a rien compris. Soupirs exaspérés de ses voisins directs, qui, en voyant ma tête sur le point d’exploser, se dépêchent de lui expliquer ce qu’il faut faire.

08H30 : Ashley m’affirme qu’elle n’a pas toutes les cartes du pairwork. Il en manque AU MOINS 4 et donc elle ne peut pas faire le travail demandé. Ah nooooon, en fait elles étaient sous son cahier !!

08H32 : Lucas s’énerve après Elsa, qui « n’a rien compris et ne veut rien faire, en plus elle arrête pas de se retourner pour discuter avec Ashley alors c’est bon, hein ! »

C’est bon, oui. Je demande à Lucie, qui, depuis le début de l’année fait TOUT bien comme il faut, de ramasser les enveloppes qui contiennent les pairworks et de vérifier que tout le monde a bien tout rendu.

08H35 : Lucie me tend les enveloppes et me dit avec un air gêné que la seule enveloppe incomplète est celle de Dylan/Ashley. Ils me jurent qu’ils ne savent pas où sont passées les 3 cartes manquantes. Je leur jure qu’ils vont se souvenir de cette activité pendant longtemps s’ils ne retrouvent pas les fameuses cartes.

08H37 : Une carte était sous le cartable de Dylan, une derrière le radiateur, et une était sous les fesses de Lucas, qui se marre comme un tordu. Les 3 pages que je lui donne à recopier pour demain semblent avoir raison de son hilarité.

08H40 : On entend une mouche voler pendant que les 6e prennent la trace écrite…Jusqu’à ce que : « Madaaaaaaaaame ? C’est dans la partie leçon ou la partie exercices ? ». Dylan va se rafraîchir les idées derrière la porte.

08H47 : Dylan réapparaît, et reprend la leçon pendant que les autres jouent au pendu.

08H55 : La délivrance. Et merde, les 4eA sont en avance…

Tape 1 si tu penses qu’on t’a pris pour un con toute l’année

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Ce soir, la nostalgie m’étreint avec un mélange de douceur et d’amertume aux accents de fin d’année.

L’IUFM, c’est terminé (pour la rime).

On pourrait penser que l’heure est au bilan, que cette page ne peut se tourner dans un bruit de froissement délicat sans crier au monde entier ma peine, ma douleur, sans que j’exprime enfin tout ce que j’ai appris en seulement quelques séances, que dis-je, une année entière.

Malheureusement, et ce pour le plus grand désarroi de ceux qui me lisent et portent en ce moment-même une main décharnée vers un coeur qui bat la chamade, dans un effort vain d’en calmer les soubresauts, je ne vais pas pouvoir tirer de bilan de cette année IUFMesque.

Tout simplement parce que je n’ai quasiment rien appris et qu’il me semble inutile d’en rajouter une couche et de verser dans la rancoeur qui a été la mienne toute l’année de gâcher une journée à écouter du blabla pseudo pédago-démago-démerdo-officiello chiant à mourir.

Par contre, je vous fais don de la dernière journée, parfaitement représentative de cette année.

Le matin : méga-teuf avec les inspecteurs de notre discipline. Qui nous ont expliqué la réforme du bac. VF, 3D, powerpoint,  grand luxe quoi. Un rebondissement est venu nous secouer de notre semi-somnolence : pour la première fois, on nous a demandé notre avis. A nous, les premiers concernés.

Les inspecteurs : « Est-ce que vous avez des idées à nous apporter pour améliorer la formation de vos collègues l’an prochain ? »

L’espace d’un instant j’ai craint le tremblement de terre, la révolution généralisée. J’ai cru être témoin, pour la première fois de ma courte vie, d‘un soulèvement, de barricades, d’un cri du peuple à faire tomber des têtes.

Qu’est-ce que je peux être naïve….

Comme nous étions environ 95 % de l’effectif à ne pas encore avoir été « visités » par nos inspecteurs adorés pour notre titularisation, c’est une version tiède de Mai 68 qui a suivi, du genre laissée trop longtemps au micro-ondes.

« Il faudrait que certains tuteurs soient dégagés de leurs responsabilités, je n’ai pas eu le temps de voir le mien aussi souvent que j’en avais besoin. »

« Certains stages du PAF (Plan Académique de Formation) tombaient en même temps que les journées IUFM, donc on ne pouvait assister qu’à la moitié et c’est bien dommage ! C’était teeeeeeellement passionnant. » (merci Miss Et-moi-et-moi-et-moi, n’oublie pas de lécher mes ballerines avant de repartir pendant que ta langue traîne par terre)

Je sais. Vous êtes choqués par le ton à la « J’accuse ». J’ai tenté de retranscrire au plus juste la violence des propos, pour que ce moment reste à jamais gravé sous wordpress.

Remarquez, je la ramène mais je n’ai pas été plus loquace que les autres et j’ai soigneusement évité de me mettre en danger (après recherche, ça a vraiment l’air sympa, la Somme !).

Bon, j’ai quand même mis mon grain de sel.

« Heu…est-ce que par exemple on pourrait  éventuellement envisager que le module « Gestion de classe » soit placé avant la pré-rentrée et pas 3 semaines après ? Ca me semble un peu plus judicieux, d’un point de vue organisation. »

Hochements de tête de mes rares collègues qui ne se prélassent pas dans les bras de Morphée. Feignasses de profs, tiens !

Réactions : Et que je dodeline de la tête et que je fais semblant de prendre des notes, comme si je n’y avais jamais pensé avant.

L’après-midi : Travail sur l’évaluation orale. Ah oui mais problème : la formatrice en charge du module n’a pas pu venir et a donc chargé une autre copine formatrice de faire le module. Sauf que la dame en question n’avait pas vraiment envie de faire le module, en fait. Nous non plus, ceci dit. Donc à la place, séance de thérapie collective. Su-per.

Je râle beaucoup, hein ? Ma réticence vient du fait que Miss Et-moi-et-moi-et-moi était dans mon groupe, une fois de plus. Et qu’il a fallu qu’elle la ramène pour dire des choses aussi passionnantes que Camping-car magazine quand on ne possède pas de camping-car.

J’ai lancé les hostilités en la jouant Caliméro :

« Je n’ai pas autant progressé que ce que j’aurais dû. Mon tuteur n’est pas dans mon établissement, mes collègues d’anglais ne me parlent presque pas parce qu’ils ne voulaient pas être tuteurs, et donc l’année a été un peu difficile. »

Réponse de la formatrice :

« Pour le tuteur, vous êtes un cas isolé (je suis ravie de l’apprendre, d’un coup mon horizon s’éclaire et j’oublie les mois de galère.) C’est normal que vous n’ayez pas eu le temps de progresser autant que vous auriez voulu. On ne vous demande pas la lune. Accrochez-vous, les vacances sont proches ! »

Mon arrêt maladie pour dépression nerveuse aussi.

Et là, intervention de Miss Et-moi-et-moi-et-moi : « C’est vrai que c’est difficile, avec les tuteurs. Par exemple le mien, qui est dans mon établissement, n’a pu me visiter qu’avec les 2 mêmes classes pendant toute l’année ! J’ai expliqué à mes classes qu’on préparait les cours ensemble, ça me semblait être la meilleure solution. »

Un meurtre. Je vais commettre un meurtre.

« Et sinon, vous avez rencontré des problèmes avec vos classes dont vous aimeriez qu’on parle ? »

Hmmmm Mike qui se prend pour un canard ou passe des coups de fil avec sa trousse ? Les 4eA qui sont capables de tout et n’importe dès que je tourne le dos ?

Re Miss Et-moi-et-moi-et-moi : « Moi je suis en lycée et c’est difficile quand ils n’osent pas parler. Parce que dans leur tête c’est trop la honte et c’est des fayots s’ils répondent aux questions de la prof, quoi. »

Au pire je risque quoi, si je la saigne devant tout le groupe ? Qu’on me dise merci ? Y’a pas un Monsieur Et-moi-et-moi-et-moi qui l’attend, c’est pas possible.

Pétage de câble de Tamara qui tente de se contenir difficilement et lance d’une voix dans laquelle pointent l’ironie et l’agacement.

« Oui. Ca s’appelle des ados, en fait. »

Coup d’oeil de la formatrice qui se rend compte que j’ai de la fumée qui sort des oreilles et le poing dans les starting-blocks.

« Voilà, votre collègue a raison, c’est typique des ados, ce genre d’attitude. »

Miss Et-moi-et-moi-et-moi, aussi fine qu’une tranche de rosette coupée par un boucher-charcutier apprenti à 5 heures du mat avec une trancheuse mal affutée n’a pas compris que c’était le moment de se taire. Une bonne occasion de souligner que le CAPES est parfois donné à des gens qui ne vivent qu’avec 2 neurones. Pauvre France de demain.

« Et en plus, certains se moquent ouvertement des « intellos » ! « 

Fichtre. A côté, un établissement ECLAIR, c’est une manifestation de playmobiles dans une bassine rouge en plastique avec des résidus de calcaire dans le fond. Qu’on se le dise.

Tamara : « Mais tu veux pas t’étouffer avec ton écharpe, là ? Ben tu les rembarres ! Quand tu te fais ridiculiser par la prof devant toute la classe, à priori, tu te la fermes pendant une semaine ! » (Genre faire chanter Alphonse devant toute la classe. Gniark gniark gniark)

De quoi faire hurler d’horreur un pédagogue averti, je le reconnais sans vergogne . Et rabattre un peu son caquet à l’autre, là.

Miss Et-moi-et-moi-et-moi à la fin de la journée

Pour clore ce post, un questionnaire envoyé par la DAFOP (division académique à la formation des professeurs) dans ma boîte mail.

Avez-vous participé au module « Entrée dans le métier ? »

Gné ? Les quelques jours avant la rentrée, tu veux dire ? A écouter des billevesées sur les programmes officiels et à ne pas apprendre comment gérer une classe ou faire un cours chez soi ? Ben heu… ouais, j’étais là. ‘fin, physiquement.

Pour chaque proposition merci d’indiquer votre appréciation sur une échelle de 1 (très insuffisant) à 4 (très satisfaisant)

Conditions matérielles : Y’avait un ordi et un vidéo proj’. Allez, je mets 3.

Clarté des objectifs : J’ai toujours pas compris, donc 1.

Adaptation du contenu aux objectifs : Pas compris. 1.

Qualité des méthodes et démarches de formation : Heu…2 ? Ils se sont déplacés, quand même.

Alternance théorie/mise en situation : J’ai passé la journée les fesses sur une chaise à faire semblant de prendre des notes avec mon ordinateur. 1.

Pertinence des contenus en vue d’un transfert : inutilisable en classe. 1.

J’ai noté tous les modules auxquels j’ai assisté pendant l’année, et ai tenté d’être plus clémente avec ceux du PAF. Parce qu’ils le valent bien.

Intra-vhaineuse

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«  A ta place je mettrais « département de la Somme » en premier, puis le groupement de commune et les communes »

« Heu non si tu fais ça tu vas te retrouver avec éventuellement un poste fixe, mais dans un endroit pourri dont personne ne veut »

« Moi on m’avait plutôt conseillé d’aller du plus précis vers le moins précis »

« Bonjour Tamara ! En réponse à ton mail, je te conseille fortement d’échanger ton vœu 1 et 2, cela moins semble plus judicieux en terme de stratégie ! »

« Suite à ton mail d’hier, je te recommande de conserver ton vœu 1 mais d’échanger le 3 et le 4. Je ferais aussi remonter le numéro 9 »

« Ne gâche pas tes points IUFM sur une commune que tu n’auras jamais. »

« Si tu mets »département », ils vont pas chercher plus loin »

« Attends, faut essayer les communes aussi ! J’ai une copine qui y croyait pas trop mais qui a essayé, elle a réussi à avoir un poste fixe dans un super collège. »

L’administratif et les chiffres me gonflent. Ou plutôt, il me manque cette partie du cerveau qui aide à comprendre quel papier donner, quand, pourquoi, comment, est-ce qu’il faut prendre à droite ou à gauche, et quand je dois payer mes impôts. C’est un handicap qui n’a pas encore été reconnu (à ce jour).

J’ai passé une semaine et demie non stop à courir partout pour avoir les avis de multiples personnes pour avoir ZE stratégie pour mes vœux en intra. Autant pour choisir l’académie, j’avais lu pas mal de choses, consulté les barêmes des années précédentes, et lu les différents tableaux pour comprendre où on allait m’envoyer en extension si je n’obtenais pas la première académie que je voulais. Ca a moyennement marché, vu que j’ai obtenu mon 7e vœu, l’académie d’Amiens. C’est toujours mieux que la région parisienne, et j’ai toujours voulu visiter le nord de la France, même si j’ai toujours pensé que Cauet avait davantage sa place dans l’animation d’un mariage de beaufs que sur une chaîne de télé de grande écoute que je ne citerai pas (c’est un coup à perdre un neurone).

Pour l’intra, donc, j’ai sollicité tout le monde, vécu avec les barèmes, les codes des régions, établissements et départements, la carte du TER de Picardie, je n’ai parlé que de ça en salle des profs, écouté religieusement l’avis de tout le monde en prenant des notes, fait des recoupements entre les communes desservies par le TER et celles qui ne comportaient pas d’établissement trop « craignos » , regardé les zones accessibles à mon misérable nombre de points (78), me suis mis dans le crâne que même si je n’aimais pas conduire et que je voulais pouvoir m’intégrer dans le paysage local il fallait considérer être TZR. « De toute façon les routes sont toutes plates et on compte les virages sur les doigts de la main. »

J’ai cru qu’un de mes collègues allait finir par me refaire la tronche à coup d’agrafes, à force de ne m’entendre parler que de l’intra. Au lieu de ça, ils ont tous pris le temps d’en discuter et de me donner des bons plans. Le tout sous le regard quelque peu chagriné de Ze Big Boss, qui n’a pas trop envie que la bonne équipe de profs de cette année soit démantelée.

« Bon, les 5e, vous avez bien compris la différence entre un verbe régulier et un verbe irrégulier ? C’est vital pour le prétérit !! »

« Mais oui, madame ! Et de toute façon vous nous réexpliquerez l’année prochaine ! »

« Ah non, je ne serai plus dans cet établissement, l’année prochaine ! »

« Quoi ? Vous partez ? »

« Et oui ! »

« Mais pourquoi ? »

La réponse  « Parce que quand on est prof on ne choisit pas l’endroit où l’on vit, à moins d’être mariée et d’avoir 10 gosses, et encore. D’autant que ça ne me dérangerait pas de rester ici, où mes amis et ma famille sont à 2 ou 3 heures maximum » ne me semblant pas adaptée à des élèves de 13 ans, j’ai opté pour :

«  J’aime bien voyager, voir du pays »

Maintenant ils me regardent comme une espèce de Gérard Klein aka l’Instit, sans moto, sans casque, sans veste avec les coudières. Mémo : demander à Pierre Grimblat de réécrire la série « L’instit » en version « Tamara TZR » (parité oblige) , et remplacer la moto par une Clio. J’essaye d’imaginer le générique en attendant.

Toc toc toc

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J’ai déjà parlé à plusieurs reprises de l‘ambiance extrêmement conviviale qui règne en salle des profs.

On est des oufs, quoi.

Genre le dernier vendredi avant les vacances quand on a fait une raclette party.

Genre la semaine dernière quand on a improvisé un match de foot avec la page double de la colle de Dylan, soigneusement roulée en boule par Bruno, par pure vengeance : « Pour le nombre de fois où il m’a pourri mon cours. Attends, c’est vachement important que la boule soit parfaitement ronde pour l’ergonomie »

Il a boudé pendant 5 minutes quand son équipe a perdu, contestant la victoire de la mienne « parce qu’on a foutu Thierry aux cages, qu’il est parti en plein milieu du match à cause de la baston Lucas / Enzo et qu’il est revenu déconcentré et pas d’humeur à arrêter les buts. »

Genre quand Bruno sort de la salle des profs en mâchonnant et en demandant aux élèves postés devant s’ils peuvent faire moins de bruit quand il mange sa barre de céréales.

Nos activités extra-professorales expliquent notre réticence à ouvrir la porte de la salle des profs quand les élèves s’y risquent :

« Rho nooooooooooooon ! »

« C’est quoi cette façon de taper, là ? Ils se croient où, ces sales mioches ? »

« Chhhhhut ! Baisse la voix ! S’ils n’entendent rien, ils vont finir par se barrer ! »

Certaines personnes s’illustrent dans la déconne (en dehors de Bruno, j’entends). Marie, par exemple. Prof de français, et « voisine » de salle de classe.

« Dis donc, t’as encore bossé sur les Beatles avec les 4e, toi ? »

« Ouais, ouais »

« Tu reconnaîtras que c’est moyennement compatible avec les quatrains. »

« Oups. Désolée. Les gamins ont pas réussi à se concentrer ? »

« Eux, si. Moi, non ! Elle est trop bien, cette chanson ! »

La semaine dernière, on s’est demandé comment communiquer entre nos 2 salles pendant nos heures de cours.  Le morse nous a semblé la meilleure solution.

« On s’entraîne aujourd’hui ? On tape régulièrement sur la cloison ? »

Mardi après-midi, chaque demie-heure, je me suis postée contre le tableau en faisant semblant de surveiller mes classes ou de les écouter parler tout en frappant discrètement au mur. Aucun retour. J’en ai déduit que Marie avait mûri en quelques minutes, et considéré qu’à notre âge et étant donné notre métier, ce n’était pas très raisonnable.

Que nenni.

« Mais qu’est-ce que t’as foutu hier, Tamara ? J’ai cogné tous les quarts d’heure, que dalle ? »

« Je comprends pas, là… j’ai tapé au mur moi aussi et j’ai rien entendu. »

« On est pas assez fortes. Va falloir mettre le paquet. »

Le défi était lancé. C’était le mur ou nous. Enfin, il fallait juste qu’on s’entende, hein, je nous voyais mal justifier auprès de Ze Big Boss un énorme trou dans le mur.

Jeudi, cours avec les 6eD, 15h05.

BAM BAM BAM. La cloison tremble. Mes 6e sursautent.

« C’était quoi, ça, madame ? »

« Rien, rien, on continue : Whose bag is it ? »

BAM BAM ! 

« It is Kevin’s bag. Heuu… Faites le pairwork que je vous ai distribué tout à l’heure. You have 5 minutes ! »

L’occasion inespérée pour les 6eD de discuter tout en faisant semblant de bosser. Ils tendent l’oreille les 30 premières secondes, puis, rassurés, se mettent au travail.

Je me poste discrètement contre la cloison et torture mes phalanges. BAM, BAM, BAM !

La réponse ne se fait pas attendre : BAM BAM !

Niveau discrétion, c’est raté. Les 6e ont capté mon petit manège.

« On peut taper nous aussi, m’dame ? »

« Non non, vous allez me casser le mur ! Finissez votre travail et si vous travaillez bien, vous pourrez venir un par un. »

Gniark gniark. Je m’en vais te lui faire un bouquet final, à la prof de lettres, elle va pas comprendre !

Merde, la phalange de mon index saigne.

Inutile de dire que les 6e D ont fini leurs exercices en un temps record, se bousculant pour faire la correction, et balançant des « Chhhhhhhuuuuut ! Sinon on va pas avancer et on pourra pas cogner au mur ! »

Il reste 2 minutes avant la sonnerie, et les devoirs sont écrits dans leur agenda.

« Allez, Eloi, tu commences. »

Il court vers le mur, souffle sur ses phalanges dans un geste à la James Bond, prend de l’élan, et frappe au mur de toutes ses forces. Eloi faisant 1m20, le mur n’a pas souffert, mais merci de vous inquiéter.

Le petit BIM provoqué par Eloi se répercuta en un double BAM. Visiblement, Marie était prête à l’offensive, elle aussi.

« Dylan et Marius, vous vous tenez prêts, puis Alexandre et Bryan. Il me faut une rafale, là ! »

BAM, BAM, BAAAAAAAM ! BAAAAAAAAAAAM !

Ils vont me péter le mur. C’est la fin de ma carrière. Je me vois bien fleuriste, tiens.

Aucune réponse de l’autre côté du mur. J’entends la sonnerie avec soulagement. Je me poste contre le mur pour en interdire l’accès aux 6e, et leur ouvre la porte :

« Oh noooooooon madame ! On a pas tous tapé au mur ! »

« Filez, c’est l’heure de la récré ! »

« Non, on veut rester !! »

Thierry le CPE, qui passait dans le couloir, s’arrête, étonné. Des 6e qui ne veulent pas quitter la salle de classe ? Et les 6eD, de surcroît ?

« Mais c’est quoi, ton secret ? »

« J’t’expliquerai. C’est pas ce que tu crois ! Out of my sight, 6eD ! See you tomorrow ! »

Maintenant je comprends pourquoi je pars à Amiens l’année prochaine.

Saturation, extension

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J’adore ce métier.

Je fais partie des gens qui ont une vocation, et ont réussi le concours pour leur plus grande joie

Ces profs qui aiment bien chercher de nouvelles méthodes, des documents intéressants pour les élèves et monter des super projets en inter-disciplines alors que je suis que stagiaire et que normalement je devrais me cantonner à des trucs simples et sans trop de risques.

Je pars juste du principe que si une leçon m’emmerde déjà moi, je vois pas comment elle pourrait intéresser des collégiens.

L’autre jour, à la fin d’un cours, Elisa de 6eD est venue me dire : « c’était trop bien aujourd’hui, Miss ! J’ai adorééé ! ». J’avais passé 4 heures la veille à leur pondre une tâche finale pour créer leur superhéros. J’ai cru que j’allais pleurer tellement j’étais contente.

En fait j’ai pleuré d’épuisement.

Je ne sais pas ce que fout le gouvernement, et combien de temps encore les stagiaires vont être considérés comme des esclaves, à bosser comme des dingues pour tenter d’apprendre le métier tout en enseignant eux-même. Le gros n’importe quoi commence à me peser sérieusement. Il existe peu de métiers dans lesquels on est presque pas formé. Etre enseignant-stagiaire à l’heure actuelle, c’est un peu comme si vous aviez décidé de conduire une grue sur un chantier, sans aucune explication, qu’on vous balançait dans la cabine en vous disant : « Fais comme tu peux, on t’expliquera quel bouton est lequel d’ici 2 semaines ». Je prends une image hyper subtile pour rappeler qu’on nous a expliqué comment faire de la « gestion de classe » 2 ou 3 semaines après la rentrée. Elle est où, l’embrouille ? Ils le savent pas, que récupérer une classe niveau discipline quand on a merdé c’est quasi-impossible ? Je ne peux même pas dire en quoi cet atelier a été utile, une fois de plus c’était du blabla à la sauce pseudo-pédago-psycho-démago, immangeable et insipide.

J’en ai ras-le-bol de ne jamais avoir une soirée de libre parce qu’il faut que je bosse, de ne pas être foutue de passer un week-end sans forcément tenter de produire une séquence ou alors de me sentir tellement mal de ne pas avoir osé bosser pendant 2 jours que je ne peux pas faire la grasse mat’ ou être zen en matant une série américaine. Je n’ai pas le droit de glander occasionnellement.

18 heures de cours à préparer par semaine, bordel. Mon tuteur n’est même pas dans mon établissement, et le bilan que je peux faire à l’heure actuelle, c’est que j’ai des séances qui se battent en duel et ne sont pas bien organisées, et surtout que je n’ai pas progressé autant que j’aurais dû.

Mes élèves me respectent, et j’ai un peu d’autorité, mais c’est aussi parce que je bosse dans un établissement plutôt calme, avec une cohésion sur le plan discipline, avec des parents d’élèves qui pour la plupart surveillent la scolarité de leurs enfants (au lieu d’écrire des conneries sur des blogs pour dénoncer le concept des devoirs).

On ne m’a jamais appris à préparer une séquence, je suis censée me former sur le tas, avec tout ce que je peux trouver un peu partout, les coups de main des potes stagiaires et titulaires, et occasionnellement les idées de l’IUFM. Je croise rarement mes collègues d’anglais qui de toute façon n’ont pas envie de s’embarrasser d’une stagiaire.

Je fais de gros efforts pour ne pas péter un câble en classe quand ils n’écoutent pas et ne comprennent pas une séance que j’ai finie à 3 heures du mat’.

Je prends énormément sur moi pour être calme, tranquille et zen avec les élèves alors que je ne fais quasiment plus de sport, vu que j’ai déjà à peine le temps de dormir….

Je ne sais pas encore combien de temps je vais tenir sans vraiment m’énerver et aller dire en face au ministre de l’Education Nationale que non, tout ne se passe pas super bien pour les stagiaires et que oui, il faudrait qu’il se sorte les doigts du cul et reconsidère leur formation, ce que tout le monde s’accorde à penser depuis plus de 2 ans.

Je veux bien avoir le sens de l’humour, voir le positif de chaque chose et être sympa, mais je ne suis pas un superhéros, et à ce rythme pourri, je ne suis pas sûre de tenir longtemps.

Je ne suis pas une feignasse, je sais bosser à une cadence élevée : j’ai fait hypokhâgne, khâgne, une double licence, une année d’assistanat à l’étranger pendant laquelle je faisais cours la journée et m’occupais d’un internat le soir, avant de préparer et réussir le capes puis de tenter et de rater l’agrégation.

Mais là, c’est trop.

Amour, gloire et sanglier

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Aucun élève n’a été torturé pour l’écriture de ce post. Ce qui est symptomatique non pas d’une mauvaise volonté évidente de ma part, voire d’un manque d’investissement, mais plutôt du manque de moyens du prof de nos jours. Faire régler le calme et instaurer une ambiance de travail, le tout baignant dans une aura de pédagogie moderne et qui prend en compte l’élève dans son unicité dans des classes surchargées et sans avoir recours à la violence est une mission impossible.

Je vais laisser la parole à mes élèves, qui m’ont encore bien fait travailler les abdos cette semaine (pas assez au vu de l’ampleur de la tâche, mais c’est déjà pas mal.)

Emma :  » Madââââââme ? Je comprends pas, ça veut dire quoi « both » »

Madame T. (lève 2 doigts) : « Emma and Amélie both have green eyes. »

Emma : « Ca veut dire 2 doigts ? »

Madame T. : « Bon, Titouan, on peut savoir pourquoi tu ris depuis 5 minutes ? Ca commence à m’énerver ! »

Titouan : « Mais c’est Luc ! Depuis tout à l’heure il pousse des cris bizarres et il parle de sanglier ! Il fait « rrrrrrrrrrr !!! SAAAAANGLIER ! »

Gros cirque dans le couloir devant la salle des profs à la pause de midi: ça glousse, ça piaille. Je sors avec Sophie pour leur dire de déguerpir. Nous tombons nez-à-nez avec une fournée de 4eC.

Sophie : « Sortez dans la cour, vous faites trop de bruit et vous nous dérangez ! »

Tamara : « En plus vous gloussez depuis tout à l’heure, c’est insupportable, on dirait un poulailler »

Je n’avais pas vu Mike dans le tas, qui a aussitôt fait semblant de ramasser des oeufs et de les mettre dans un panier. Mes élèves de l’académie d’Amiens ont un sacré défi à relever : remplacer mes actuels élèves en imagination et petits sketches sympathiques. Surtout Mike, d’ailleurs. They have big shoes to fill, comme on dit chez la perfide Albion.

Mike, qui avait orchestré pour aujourd’hui une petite mise-en-scène des plus rocambolesques. Mais lisez plutôt (le chien de Mickey) :

Aucune de mes classes n’échappe au rituel du matin : « Good Morning, class ! » « Good Morning, Miss ! » dans le plus pur style old school forever. Je ne suis pas une nostalgique de la période « coups de règles sur les doigts » (encore que ….), mais bon, les petits rituels sur la météo en anglais, comment ça va et autre font partie des choses qui aident à bien commencer le cours et à mettre tout le monde dans l’ambiance « We speak English with Miss T. » (petite parenthèse, je me suis récemment pris dans la tronche à l’IUFM que ça ne servait à rien, tout comme d’attendre le silence avant de les faire s’asseoir, tout comme d’organiser des quizzes « parce que bon, il ne faut pas qu’ils jouent pour gagner un prix. »)

Mike et toute la 4eC sont les plus enthousiastes du « Good Morning, Miss ! ». C’est-à-dire qu’ils prennent un malin plaisir à me percer les tympans au début de chaque jour. Sous les yeux impressionnés de mon tuteur, « t’as vu comme ils sont à fond, dès le matin ? »

Bref, la semaine dernière j’ai quand même rapidement mis les choses au point, leur expliquant que j’en avais assez que ma collègue de SVT me demande si j’étranglais mes élèves au début de chaque cours et que peut-être, éventuellement, vu qu’ils avaient de l’imagination, on pouvait envisager de procéder autrement.

Je ne sais pas pourquoi l’étincelle qui s’est allumée dans l’oeil droit de Mike et les sourires qu’il adressait au reste de la classe ne m’ont pas mis la puce à l’oreille. La naïveté de la stagiaire, sans doute.

Le lendemain matin, ma collègue d’arts plastiques interrompt la discussion passionnante que je menais avec Bruno au coin de la photocopieuse : « On fait pierre-papier-ciseaux pour décider de qui commence à photocopier en prem’s ou on se bat ? »

« Dis donc, les 4e C sont en train de préparer un truc de dingue pour ton cours, là. J’ai pas tout suivi, mais Mike s’est transformé en chef d’orchestre. »

Holy Christ. Je les ai dans une heure.

En les voyant entrer, surexcités et tenter de se parler en langage secret (enfin, autant que faire se peut quand on est 4eC : « Hé Dylan, quand je fais ce signe là tu te souviens, hein ? »

J’ai attendu, face à eux, qu’ils se stabilisent. Avec limite le trac, hein.

« Good Morning, everybody! »

« Good-good-good mooorniiiiing ! »

Sur l’air du….générique de Oui-Oui.

Je vous laisse imaginer l’état dans lequel j’étais quand les 6eD sont arrivés. Et on tenté de négocier pour faire un jeu.

« Miiiiiiiisss ? Can we play Egg-man ? »

Egg-Man. Ils ont vu Mike dans le couloir et veulent faire semblant de ramasser des oeufs pour les mettre dans un panier imaginaire ?

« Noooo ! Egg-man ! On ze tableau. »

Hangman, donc. Le pendu. Bizarre, d’ailleurs, cette fascination pour un jeu morbide sur le fond et banal sur la forme.

Ferme-la, Freud.

Qu’en dirait Freud ?

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Vous me connaissez, c’est pas mon genre de critiquer l’IUFM. On ne m’entendra pas dire que j’ai mieux à faire que d’aller passer la journée là-bas, du genre dormir, regarder un épisode de Downton Abbey, regarder ce que je peux me payer avec l’augmentation de salaire dont bénéficient désormais les stagiaires (passer des nouilles 1er prix aux Barilla, mon rêve est enfin réalisé), peaufiner ma séquence sur le passif, m’interroger sur mon avenir en terre picarde….

Je ne m’abaisserai pas à dire qu’on nous prend vraiment pour des abrutis et que bien souvent j’ai l’impression d’y perdre mon temps. Parce que se former, c’est important, et qu’il faut savoir se raccrocher au peu de formation que l’on nous accorde.

J’en vois qui rigolent, au fond, si ça ne vous intéresse pas vous pouvez sortir !

Bon, j’ai encore gâché une journée à écouter des sornettes sans fin (oui, des fois j’aime bien jurer comme une écolière du 19e).  J’oscille entre exaspération, tristesse, énervement, prise de tête et ironie sournoise. Je vous mets tout dans un paquet avec un ruban autour.

J’y croyais au début, en plus. Nan mais vraiment (pour les deux du fond qui se marrent, amusés par cette naïveté que je me trimballe depuis ma tendre adolescence), j’avais l’espoir, en voyant le programme de la journée, d’apprendre quelque chose. Je me suis fourrée le doigt dans l’oeil jusqu’au petit orteil.

Matin : Atelier sur la sexualité et les jeunes. Décodage façon Tamara : Apprendre à gérer Dylan lorsqu’il se masturbe en cours, Kévin qui mime une fellation quand j’explique un exercice, ou expliquer à Lucas pourquoi ce n’est pas correct d’apostropher Jessica dans les couloirs avec l’expression : « Va  sucer des bites, salope ! »

Après-midi : Atelier sur l’image et les médias. Décodage façon Tamara : Comprendre comment les médias ont réussi à faire des générations d’anorexiques, boulimiques, obèses, complexés au possible par leur apparence, leur faire comprendre que même s’ils n’ont pas une tronche de papier glacé et le dernier Longchamp, ils ont le droit de vivre.

C’était mal connaître l’IUFM (ton univers impitoyaaaableu).

Le matin, une infirmière-psychologue a accueilli mon atelier avec un enthousiasme proche du délire. Comme elle n’était pas formatrice IUFM, je ne me suis pas méfié. J’aurais dû.

« Vous allez commencer par m’écrire les 10 mots qui vous viennent à l’esprit quand on vous dit « sexualité ». Ensuite vous les classerez dans 2 pommes différentes. »

2 « pommes ».

Des catégories, on dit, chez les adultes. Mais bon.

Cette activité a eu le mérite de ramener à la vie les adolescents qui sommeillaient en nous : gloussements, sous-entendus, clin d’oeils complices, etc…

Après un déballage de « qui a trouvé quoi », nous avons eu droit à un diaporama qui a duré toute la matinée. Sur l’âge de la majorité sexuelle, le cerveau de l’adolescent, bref comme d’hab’, tout dans la théorie, rien dans la pratique.

Au fait, j’ai dit que Miss Et-moi-et-moi-et-moi était dans ce groupe ? Nan ?

Ben elle était dans ce groupe.

Mais curieusement, peut-être par instinct de survie et pour le bien-être de toute la communauté, on ne l’a pas entendue. Une extinction de voix, probablement.

Matinée de foutue, donc.

Et l’après-midi, me direz-vous ?

Je ne me souviens que d’une chose : l’étude de publicités des années 50. Nous être fait expliquer en long, en large et en travers comment la campagne de pub d’un soda pétillant de couleur marron réussit à nous donner soif rien qu’avec la couleur rouge.

Respect.

Merde. C’est la couleur de mes nouvelles chaussures.

« Allez, on se barre, Tamara ? On lui a dit qu’on décollait à 16h parce qu’on avait un conseil de classe ! »

« Mais il est 15h30, bordel ! On peut pas partir maintenant, ça se fait pas ! »

« Tu dis ça par conscience professionnelle, ou parce que tu n’as pas fini de te limer les ongles de la main droite ? »

« Les deux, mon capitaine. »

Sale mut’

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« Mut’ « , chez les victimes  fonctionnaires de l’Education Nationale, c’est un concept   qui ne laisse personne indifférent. Suivant ses aspirations, on ressent :

l’espoir quand on est dans un coin paumé, de se retrouver dans une ville civilisée (aka avec plein de boutiques, de musées, de ciné, la possibilité de se retrouver entre potes dans un bon restau ou d’être ENFIN dans la même ville que sa moitié). L’envie, après des années d’isolation, de retrouver ses amis, sa famille, la ville où l’on a fait ses études…

la trouille terrible de quitter le super endroit où l’on est mais où l’on ne peut pas rester parce que pas de poste, pas assez de points, pas assez d’expérience…

Le prof en attente de réponse reste pendant des heures scotché devant i-prof à attendre un signe, terrifié, et se passe tous les scénarios en vue.

Je ne vais pas entrer dans les détails qui risquent de me faire énoncer des clichés sur les différentes académies.

Quand on travaille pour l’Education Nationale, les choix de vie sont dictés par le boulot. L’énorme avantage de ne jamais avoir à faire d’entretien, à démarcher, à aller au Pôle Emploi, à bosser sur son CV est « pimenté » par le fait qu’on ne choisit pas où vivre dans toute la France.

Ce matin sur i-prof , j’ai appris que mon académie d’affectation « provisoire » (à confirmer entre le 5 et le 12 mars) était Amiens. Mon 7e voeu. Comme je redoutais de me retrouver en région parisienne (moi aussi j’ai des clichés plein la tête), j’ai ressenti une espèce de soulagement suivi de « oh merde, la Picardie, les mecs ! ». Comme je suis plutôt dans le genre à essayer de positiver sur ce blog, je vais plutôt faire le tour des réactions de mon entourage à l’annonce de cette « affectation provisoire ».

En prem’s ma mère, qui est la championne du remontage de moral et à trouver le top 10 de « pourquoi c’est pas la merde même si tu es criblé de dettes, que ta femme est partie avec tes 4 gosses et que tu viens de te faire jeter de ton boulot »

Tamara : « Je t’appelais pour te dire que les affectations venaient de tomber. Bon, c’est provisoire, mais ça donne une idée, quoi. »

Queen Mum : « Alors, c’est quoi ? »

Tamara : « L’académie d’Amiens. »

Gros silence de 3 secondes.

Tamara : « Mum? Tu respires toujours ? »

Queen Mum : « Heu… oui, oui ! C’est joli, Amiens comme ville ! « 

Tamara : « L’académie d’Amiens, pas la ville ! »

Queen Mum : « Ouiii mais le milieu rural, ça va te plaire ! En plus tu auras vu du pays, dis donc ! Tu sais ce qu’on dit sur les gens du Nord, ils sont super sympas ! T’as bien vu les Ch’tits ! »

Tamara : « Les Ch’tits c’est plutôt Lille, non ? Moi je suis juste en-dessous ! »

Queen Mum : « Ouiii enfin Lille, Amiens, même combat, hein ! Ca reste le Nord de la France, les gens sont hyper chaleureux, tout ça… »

Réactions facebook en chaîne :

« Un nouvel accent à apprendre, pour une linguiste, c’est bien ! Et une nouvelle destination à découvrir ! » (mon ex-coloc)

« Tu vérifieras bien tous tes vaccins avant de partir ! » (mon ex-coloc)

« Mais tu te rapproches de l’Angleterre, c’est impec ! » (un pote)

« On t’achètera une lumière soleil comme dans les pays nordiques, faudrait pas que tu deviennes albinos à cause du manque de lumière ! » (mon ex-coloc)

« Tu vas faire de la figuration pour Confessions Intimes dès septembre ! » (un ami stagiaire )

« Révise leur hymne dès maintenant ! » (mon autre ex-coloc)

« T’oublieras pas les moon-boots et la combinaison de ski ! » (mon autre ex-coloc)

Réactions par sms :

 » Bière beeeeeeeeeeelge à volontéééééééé ! » (un pote de fac)

« Attends, Amiens c’est génial ! Il y a ………….. heu… je cherche et je te rappelle ! » (mon oncle)

« Chier de merde … paix ton âme, mon enfant ! » (une copine)

« Aaaah la somme, la chasse, les poules d’eau, les endives, la gare, les betteraves, la cathédrale, tout un programme ! » (autre pote)

« T’es sûre que c’est pas un canular qu’on t’a fait ? Nan mais on sait jamais ! » (encore un pote)

« Quand on te dit qu’il faut que tu te décides à faire des gosses et à te marier, maintenant tu sais pourquoi ! » (mon cousin)

« Les loyers sont pas chers, tu prends un grand appart avec chambre d’ami pour qu’on puisse rester le week-end ? » (Une copine)

« Non en fait prends un appart avec jardin, je préfère dormir sur le canap’ et miser sur le barbec »

Coup de téléphone de Sophie, ma collègue :

« Mais c’est géniaaaaaaaaaaaaaaaaaaaal ! « 

Tamara : « Heu oui ? Tu trouves ? »

Sophie : « Mais ouii ! Tous les magasins d’usine ! J’ai un copain qui a été muté à Saint Quentin, il a adoooré ! On est allés lui rendre visite plusieurs fois ! C’est carrément plus sympa que la région parisienne, t’inquiète ! Allez, on fête ça à la rentrée ! »

Tamara : « Si tu le dis… ah j’ai un double-appel, on se voit lundi ! »

Tuteur de Tamara : « Heu…t’as reçu ton affectation par mail ? »

Tamara : « Oui. »

Tuteur de Tamara : « Si tu développes pas plus que ça, c’est que c’est pas bon ? »

Tamara : « C’est toi qui vois. Académie d’Amiens. »

Tuteur de Tamara : (blanc de 2 secondes) « Ah. Heu… J’ai une copine qui était allée en Picardie, elle disait que c’était pas si mal. C’est vrai que c’est loin. Mais, heu…attends la confirmation, ça change souvent. Enfin, dans un quart des cas à peu près. »

Wait and see, donc….

C’est joli, non ?