Archives mensuelles : mars 2016

Mad World

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Apparemment, le Pakistan est trop  loin de l’Europe pour qu’on s’émeuve, pense aux victimes d’attentats, et pour que fleurissent sur Facebook les dessins pour rendre hommage au Pakistan et les drapeaux.

Je ne sais pas dessiner.

Alors voilà :

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Mes plus sincères condoléances aux Pakistanais. Certains Européens pensent à vous et vous envoient un maximum d’ondes positives dans cette tragédie. Je ne vous garantis pas que la Tour Eiffel sera blanche et verte pour les jours à venir, mais ça ne veut pas dire que personne ne pense à vous.

Et en prime, parce que je n’ai pas particulièrement envie d’être classe et raffinée, un message particulier aux terroristes :

doigt d'honneur

That’s the spirit !

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Voilà, c’est ça le message qu’on veut vous faire passer, les terroristes. On vous pisse à la raie, même.

Je lève mon verre de bière à la mémoire des victimes qui ont juste eu le malheur d’être là quand une fois de plus, vous avez décidé de vous faire exploser.

Je lève aussi mon verre de bière en l’honneur des musulmans (les vrais, hein. Pas vous, donc.) qui doivent se dire que c’est dur d’être catalogué comme des terroristes sanguinaires acérébrés à cause d’une bande de cons (vous, donc).

Je lève mon verre de bière et je dis aux kamikazes qu’ils sont vraiment dans la merde, parce que même moi, l’athée de service, je sais pertinemment qu’Allah ne les attend pas pour les féliciter, entouré de vierges. Au mieux, vous allez vous prendre la torgnole de votre vie, avant qu’on vous force à apprendre par coeur le Coran que visiblement vous n’avez toujours pas lu. Et j’espère que vous allez bien en chier. Pour longtemps.

François Damiens a le message qu’il faut pour vous :

Faites passer les frites et les mouchoirs.

Morceaux choisis

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Il arrive immanquablement, ce moment où vous devez faire le tri dans votre disque dur. Ou en acheter un plus grand, mais visiblement il est plus facile d’en faire faire plus aux profs que de les payer plus.

EPI represents

J’ai donc passé en revue les différents rapports d’incidents écrits ces dernières années. Autant vous en faire profiter avant qu’ils disparaissent à jamais.

« A. mettait les pieds sur sa table, n’écoutait rien, discutait avec S. et B., et a sorti une brosse pour se brosser les cheveux. Lorsque je lui ai demandé de la ranger, elle m’a répondu « je m’en fiche ». En me voyant écrire, S: lui a indiqué que je recopiais tout ce qu’elle me disait. Réaction d’A. : « Ouais, même si je dis caca-prout », ce qu’elle a visiblement trouvé hilarant car elle l’a répété plusieurs fois. Lorsque je lui ai distribué la feuille, elle s’est exclamée : « C’est quoi ça ? Ca sert à rien, c’est de la grosse merde ! » »

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         « Aujourd’hui, M s’est permis de « sécher » mon cours qui se déroulait en de 10 à 11.

J’ai croisé M. et lui ai demandé pourquoi elle n’était pas présente à mon cours en M3. Elle a inventé une fausse excuse, disant qu’elle ne savait pas qu’il y avait cours d’anglais, alors que pour cet horaire l’emploi du temps n’a pas été modifié. L’AED lui a indiqué par conséquent qu’elle serait punie et devrait rester de 3 à 4. J’ai précisé qu’elle serait mise en retenue si jamais elle ne restait pas . M. m’a répondu d’un ton extrêmement méprisant que de toute façon elle n’avait que ça à faire, de rester. Sa copine C. est intervenue dans la conversation, alors que je ne lui avais rien demandé, pour dire que ça ne servait à rien de venir à mon cours de toute façon. Les deux filles sont parties en me tournant le dos, en faisant comme si je n’existais pas, malgré mes rappels à l’ordre. »

sanction en juin

« Aujourd’hui, R. est arrivé complètement surexcité en classe : d’emblée il a refusé de sortir ses affaires, et s’est mis à pousser des cris. Il se balançait sur sa chaise, faisait des bulles avec son chewing-gum, rotait le plus bruyamment possible, chantait, et se retournait pour faire des grimaces à ses camarades.

Lorsque je l’ai forcé à sortir ses affaires, il m’a répondu : « Moi pas comprendre. » et a commencé à gribouiller sur son cahier.

Comme il ne cessait de faire du bruit et de déranger ses camarades, qui, excédés, lui répétaient : « Mais ta gueule R., tu nous soûles ! », j’ai décidé de le renvoyer. Il a fait exprès de ranger ses affaires le plus bruyamment et le plus lentement possible en disant qu’il n’en avait « rien à foutre », et en me faisant des grimaces. J’ai demandé à D. de conduire R. dans le bureau du principal, ce à quoi R. a répondu qu’il n’irait pas. Il s’est également permis de dire à D. : « Si tu me touches, je te chie dessus ». En sortant, R. a approché son visage le plus près possible du mien, sans doute pour m’impressionner….

Cet après-midi, alors que j’étais dans le bureau des surveillants, j’ai vu R. accompagné de B, le délégué, qui tentait de l’amener dans le bureau du principal, car il avait été renvoyé de cours par sa professeur de français. R. a tenu les propos suivants sur ma collègue : « Je m’en bats les couilles de son cours de merde, à cette grosse conne. » « Elle me casse les couilles. » « Faut qu’elle se calme avec sa ménopause, la vieille. ». »

rajouté au dossier

« Le comportement de T. pendant mon cours d’aujourd’hui a été inadmissible.

Il a dans un premier temps refusé de sortir ses affaires, car il ne les avait pas. Je l’ai contraint à sortir sa trousse, ainsi qu’une feuille de papier.

Refusant toujours d’écrire, T. s’est amusé à découper sa feuille avec une lame de taille-crayon. Il s’était préalablement amusé à « affûter » sa règle ainsi que son équerre. Je lui ai confisqué toutes les affaires qui trainaient sur sa table, car elles étaient toutes prétextes à ce qu’il s’amuse ou perturbe ses camarades. T. s’est  exclamé : « C’est bon, j’ai rien fait, wesh ! »

Il poussait régulièrement des cris, s’amusait à baisser son pantalon, et s’est même exclamé à voix haute qu’il « aimait bien se mettre des trucs dans le cul ». »

sanctions excuses et engagement

« Aujourd’hui, F. est arrivé au cours d’anglais à 13h10, accompagné de P. et L, et est entré sans prendre la peine de s’excuser. Lorsque j’ai demandé une explication, j’ai eu pour réponse de la part de F : « Ben c’est bon, on était à la cantine, commencez pas à nous faire chier, là… »

     F., P. et L. se sont installés les uns à côté des autres : je leur ai indiqué que ce n’était pas possible parce qu’ils allaient discuter. J’ai demandé à L. de venir s’installer devant, ce qu’il a refusé, avant de s’exécuter car le principal est entré à ce moment précis et a exigé de lui qu’il s’exécute.

     Après le départ du principal, F. a fait exprès de changer de place pour se rapprocher de P., le tout en me regardant et en riant. Je lui ai demandé par deux fois de changer de place, avant de finir par lui signifier que nous n’étions pas « dans une garderie » et qu’il fallait qu’il cesse. F. m’a répondu : « Oui, je sais qu’on est pas dans une garderie, vous renvoyez des élèves tout le temps. ».  Je lui ai demandé de répéter car je n’avais pas compris, ce qu’il a fait en parlant le plus lentement possible et en me regardant dans les yeux, afin de se moquer ouvertement de moi et de provoquer l’hilarité de ses camarades.

     J’ai donc dit à F. que je l’excluais, ce qu’il n’a pas compris : « Ah ouais, et vous allez mettre quoi comme motif ? » « Insolence ». F. a répliqué à voix haute et deux fois de suite devant ses camarades, avec un ton extrêmement méprisant : « Vous mentez, vous dites n’importe quoi. ». Excédée, j’ai donc demandé une AED de surveiller la classe pendant qu’ils faisaient leur exercice afin d’accompagner F. dans le bureau du principal. Christopher a fait exprès de marcher très lentement en me disant en riant : « J’ai le temps, vu que je suis pas en cours. »

J’ai croisé le principal adjoint, à qui j’ai fait part du comportement de F. , lequel a répliqué que sa remarque sur le fait que je renvoyais des élèves tout le temps était « méchante, mais pas dite sur un ton méchant », et que donc ce n’était pas de l’insolence, et qu’il ne viendrait plus en anglais. Il s’est permis à de nombreuses reprises de me couper la parole, et de réaffirmer que je renvoyais les élèves tout le temps. »

sanction bcp renvois

« Ce Vendredi , les 5e m’avaient en cours pour les 2 premières heures de la matinée. V. a indiqué dès mon arrivée dans la cour qu’il ne voulait pas venir en cours avec moi « parce que l’anglais c’est pourri ». Je lui ai indiqué qu’il aurait 0 au contrôle prévu pour ce jour s’il ne venait pas en classe, puis ne lui ai pas prêté attention. E., qui est dans sa classe et qui est la déléguée, l’a convaincu de venir au cours d’anglais.

V. a fait le contrôle plutôt calmement, mais il a par la suite refusé de copier le cours. Je l’ai laissé dans son coin et n’ai fait aucune remarque, sachant qu’il peut rapidement devenir violent. Je n’ai pas non plus réagi lorsqu’il a fait des remarques à voix haute, tout comme le reste de la classe auquel j’ai déjà expliqué qu’il ne fallait pas faire attention aux réactions de V..

Ce dernier a fini par s’énerver en voyant que je ne réagissais pas, car il cherchait clairement à être renvoyé. Il a rangé ses affaires et s’est levé. Je lui ai dit qu’il n’était pas question qu’il sorte de mon cours, et me suis placée devant la porte de sortie. Je souhaitais éviter qu’une fois de plus, il monopolise la vie scolaire.

V. a commencé à pousser des cris, et je pensais qu’une fois de plus en le laissant dans son coin, il allait se calmer. Il menaçait de sortir par l’autre porte et d’aller déranger le cours d’à côté, tout en continuant à pousser des cris.

J’ai envoyé un élève de la classe chercher un surveillant car la situation devenait ingérable, malgré la bonne volonté de l’ensemble des élèves de la classe, qui faisaient semblant de ne pas remarquer l’attitude extrêmement violente et perturbatrice de V. . Ce dernier en a profité pour sortir, et a commencé une crise, en se tapant la tête contre le mur d’en face, alors que je le retenais pour attendre le surveillant. J’ai tenté de lui expliquer calmement que je lui demandais juste d’attendre qu’un surveillant vienne le chercher, mais il n’a pas voulu m’écouter, et m’a donné des coups de pied.

Alertés par les cris, deux collègues  sont venus à ma rescousse pour tenter de le maîtriser, ainsi que l’agent d’entretien de mon étage. Nous avons tous les quatre essayé de le calmer, car il se tapait la tête contre le mur, mais ne sommes sont parvenus à aucun résultat, chacun d’entre nous a reçu des coups de pieds extrêmement violents, le tout sous les hurlements de V. »

gamin perturbé

« Aujourd’hui, A. est arrivée en cours d’anglais avec une attitude extrêmement agressive. Elle a d’entrée de jeu refusé obstinément de cracher son chewing-gum alors que je lui ai demandé plusieurs fois de le faire. Elle m’a répondu d’un ton très agressif que ce n’était pas la peine, car elle n’en avait plus. A son camarade S. qui lui demandait un chewing-gum elle a dit qu’elle n’allait pas « en chier ».

 A. s’est permis de dire à plusieurs reprise que mon cours lui cassait les couilles, ainsi que de répondre « dans ton cul » à plusieurs questions que je posais.

Elle a de plus affirmé plusieurs fois que je disais « n’importe quoi »

 Pendant la suite du cours, A. s’est amusée à jeter des stylos alors que je lui ai demandé plusieurs fois d’arrêter, tout en me regardant et en se moquant ouvertement de moi.

Lorsque je lui ai demandé de ranger ses affaires et lui ai indiqué qu’elle était renvoyée de mon cours, A. s’est permis de me dire que j’étais « complètement tarée » avant de claquer violemment la porte.

Deux collègues et un agent d’entretien ont dû intervenir dans le couloir, car A. feignait de n’avoir pas compris pourquoi je la renvoyais de mon cours et hurlait dans les couloirs: « C’est bon elle a craqué la prof, cette grosse pute, je me grattais juste la jambe ! » « 

sanction réglement intérieur

 

ZEEEEEEEEEEEEEN !

 

Life on Saturn

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Il m’arrive fréquemment de me demander pourquoi je m’obstine à aller au cinéma ou à me gaver de streaming et de bouquins quand la vie au collège est teeeellement trépidante.

Le bilan de cette semaine.

LUNDI :

Ca bourdonne et fourmille grave en salle des profs, en mode « Stupeurs et chuchotements ». Je sens la rumeur dégueu et me tiens à l’écart. C’était sans compter sur l’intervention de Julien, qui vient m’interrompre alors que je fais semblant de lire une brochure du SNES.

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Allons bon.

« Et personne n’a vérifié qu’il était positif ? »

« Oh ben non ! C’est dégueu ! Y’a du pipi dessus ! »

« Certes, enfin déjà qu’il y a un tordu qui fait les poubelles, on est plus à ça près. »

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« Ouiiiiiiiiii !! Et devine qui est en tête des sondages ? »

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Ces gens m’épuisent et me blasent complètement. Et je ne peux même pas dire « vivement la retraite ».

« Comme t’as déjà une réputation de « Marie-couche-toi-là…. »

Génial. Il ne manquait plus qu’une grossesse à mon palmarès.

Le reste de la pause-déjeuner s’est apparenté à une espèce de chasse aux sorcières, qui s’est achevée par la sortie en trombe d’une Marie en larmes, à qui Eliane est venue demander si c’était elle qui était enceinte. Marie essaye d’avoir un bébé depuis 1 an, et ça ne marche pas. J’ai envie de distribuer des baffes, et je lance des oeillades assassines en direction du comité inquisitoire.

A 13H30, Renaud, Julien et Mélanie lancent l’offensive : « Foutage de gueule assisté anti-rumeurs », et balancent à la cantonade des remarques destinées à faire croire qu’effectivement, je suis en cloque. J’ai comme la vague impression d’être la petite dernière des Kardashian.

nausées

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smoothies

Les regards interloqués et silences gênés qui s’ensuivent sont un vrai régal.

MARDI : 

Julien, Axel et Arnaud décident d’en rajouter une couche, et se comportent en parfaits gentlemen attentionnés. Ils portent mon sac, m’ouvrent la porte, me gardent un fauteuil. Je réprime difficilement un fou rire quand ils proposent d’aller chercher la clé de l’ascenseur, pour éviter de monter les escaliers « parce que dans ton état, ce n’est pas prudent ». Je rigole à peine moins quand Mélanie me confisque mon café « parce que la caféine, pour toi, ce n’est pas conseillé. »

Je sens que ça va me soûler, cette histoire.

D’autant qu’avec Pâques qui approche, j’avais prévu de manger du chocolat, et donc d’investir dans un pantalon avec taille élastiquée. Autant dire que ce plan tombe à l’eau (un peu comme mes espoirs d’avoir un gouvernement qui tienne la route.).

jumeaux

Le calme règne en salle des profs, jusqu’au moment où…….

(c’est insupportable, ce suspense, non ?)

Eliane se rend compte que les tracts de son syndicat (Le SNALC), déposés par ses soins sur la table basse hier, ont disparu.

Et là, je sais ce que vous vous dites.

Tracts disparus

Aussitôt, la chasse aux sorcières s’organise : qui a bien pu déplacer les fameux tracts ? Pourquoi ? Où sont-ils ?

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La traque s’organise, et chacun passe en revue les possibles coupables et leur emploi du temps d’hier. Les principaux suspects sont les syndicalistes de la salle des profs. Eric, Marie, Domi, et bien entendu…moi-même.

« Dis-donc, Tamara, tu ne te serais pas permis de te débarrasser des tracts d’un syndicat concurrent ? »

« Tu plaisantes, j’espère ? Justement, en tant que syndicaliste, je ne me permettrais pas de balancer des tracts à la poubelle. J’ai un minimum de respect, moi ! Je vous conseille d’éviter ce genre d’accusations, surtout quand vous vous êtes permis de critiquer les dernières heures syndicales que j’ai organisées, qui donnaient toutes les infos sur la réforme, que vous n’êtes pas venus, et que maintenant vous flippez comme des malades face aux E.P.I. et me demandez de faire intervenir mon syndicat ! »

Je balance le dernier spécimen que j’ai reçu sur ladite table basse, histoire d’éviter de m’énerver autrement.

J’ai jeté un froid. Renaud ricane, et conclut ma prestation par : « Avec ses hormones, faut pas la chercher, Tamara, en ce moment ! »

ta gueule

« A mon avis, elle ne sait même pas qui est le père. C’est pour ça qu’elle est plus chiante que d’habitude. »

Je pars en claquant la porte, et me calme instantanément en arrivant devant mes 6èmes qui braillent en choeur : « Helloooooo, Miss ! ».  ‘sont mignons, quand même….

N’empêche qu’il y a un vengeur masqué qui se balade en salle des profs en toute impunité et que personne ne sait qui c’est.

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MERCREDI :

Le lendemain, la tension est à son comble dans la salle des profs.

Je parle « Qui veut gagner des millions » rencontre « j’ai reçu un courrier des services publics ». Du lourd quoi.

Et pour cause.

Les autocollants « humoristiques » de Jipé ont disparu.

y'a un con derrière moi

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Le vengeur masqué est de retour. Je m’apprête à faire face à une nouvelle salve de critiques et d’accusations, en me demandant si par hasard je n’aurais pas des Juifs ou des Russes blancs dans ma famille à l’insu de mon plein gré.

Heureusement, Mélina m’attend à la porte de la salle des profs. Mélina est en 6ème et je suis sa prof principale. Elle est venu me montrer le nouveau cartable acheté par sa mamie, qui est super pratique parce qu’il y a une poche pour son goûter ET un emplacement pour mettre le petit livre d’expressions anglaises qui ne la quitte jamais. Ses parents ont prévu de l’amener à Londres si elle a les félicitations. Comme sa moyenne générale est actuellement à 18,97, je ne me fais pas trop de souci.

baked beans

Emilie la surveillante arrive, toute essouflée :

« Madame T., 2 de vos sixièmes sont en train de se battre dans la cour et on est débordés, vous pourriez venir ? »

Emilie est toute nouvelle, par conséquent, elle ne sait toujours pas qu’il faut m’appeler Tamara et me tutoyer. Je le lui rappelle, avant de filer vers la cour.

Effectivement, Thibaut et Pierrick sont en train de se rouer de coups. Loïc, mon collègue d’EPS, arrive juste avant moi pour les séparer. En me voyant débouler à toute vitesse, escortée de mes pseudos gardes du corps,  bizarrement, les 2 catcheurs se calment.

J’ai très envie de me défouler et de leur hurler dessus, histoire de passer mes nerfs et de les faire flipper. Sauf que…. cette année, convaincue par une collègue de l’académie, j’ai mis en place un programme « Zen Attitude » avec mes 6èmes, pour occuper intelligemment les heures de vie de classe.

En résumé : pas de violence, on apprend à identifier ses émotions, respirer, se calmer, et respecter les autres. Certains collègues m’ont suivi avec enthousiasme, particulièrement en EPS, ce qui m’a beaucoup aidée, notamment pour leur faire faire les gestes de relaxation. Ma collègue de français aussi, pour leur apprendre à mettre des mots sur leurs émotions et surtout à les identifier. Inutile de dire que ça n’a pas été du luxe, car certains n’avaient aucune idée de ce que pouvaient bien vouloir dire les concepts de sérénité et harmonie.

Bizarrement, certains parents ne leur ont jamais appris à communiquer autrement qu’en se braillant dessus, à exprimer leurs émotions, et à verbaliser autre chose que des insultes. Autant vous dire que le premier trimestre a été riche en rebondissements et que l’équipe pédagogique « Zen Attitude » a pris cher, niveau fatigue (pas niveau heures sups, hein, faut pas déconner.)

D’autres collègues se sont bien foutus de ma gueule en me voyant leur apprendre à caler leur respiration sur leur pas. Mais, comme m’a répondu le père de Romain quand je lui ai suggéré l’aide d’un éducateur : « J’en ai rien à branler! ».

Zen Attitude. Je suis la sérénité intérieure. J’incarne le calme et la paix.

échange

JEUDI :

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De bon matin, Mélanie tente de m’extirper de sa Fiat Punto avec le plus grand mal. Je refuse d’aller en cours.

Non pas parce que comme d’hab, je n’ai pas eu le temps de mettre de l’anti-cernes.

Non pas parce que je n’ai pas assez d’argent sur mon compte en banque pour me payer un Benedict Cumberbatch en chocolat.

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Il y a un nouvel élève en 4eB, qui est la classe que j’ai en première heure.

Est-ce qu’il est horrible ? Je ne sais pas.

Par contre, il s’appelle….Yoda.

J’ai été prévenue la veille, et j’ai passé toute ma soirée à me faire des blagues de Star Wars toute seule.

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« Je serai incapable de me retenir, je te juuuuure ! »

« Tamara, tu arrêtes ton cirque tout de suite ! »

Au final, j’ai réussi à garder mon calme et à ne pas faire de blague.

VENDREDI :

Les Segpas arrivent en classe, déchaînés, en s’insultant et en se frappant. Toutes mes phrases sont ponctuées d’un « on s’en fout », et la plupart refusent de s’asseoir. Au bout de 10 minutes, et après m’être pris une chaise sur le pied, balancée volontairement par Brendon (oui, oui, vous avez bien lu, Brendon), j’envoie la gentille Amélie à la vie Scolaire pour demander à quelqu’un d’intervenir. Chose que je ne fais jamais. Elle remonte au bout de 5 minutes, en me disant que le CPE va se déplacer.

Tous mes muscles sont tendus, je me dis que je vais me faire frapper à tout moment. Une seule pensée me retient de me barrer en courant : les renforts arrivent.

Au final, ils ne sont jamais arrivés.

Brendon m’a dit que je ne passerais pas l’année, et quand le dernier segpa est sorti de mon cours en me traitant de pute, j’ai fermé la porte et me suis effondrée en sanglots sur mon bureau.

Le rapport écrit en détail, mes larmes séchées, je me suis assurée d’avoir fait 3 photocopies : une pour leur prof principal, une pour le chef, et une pour le CPE, à qui je suis allée l’apporter en personne. CPE qui m’a assuré que personne ne lui avait demandé de venir à mon cours, devant les 2 surveillantes qui sont allées lui rappeler 5 fois que Madame T. avait demandé de l’aide en urgence, et qu’il faudrait vraiment y aller.

Il prend son ton le plus paternaliste et condescendant :

« Alors, elle a du mal avec ses élèves, Mademoiselle T. ? »

Je le regarde d’un air méprisant et laisse le rapport sur son bureau en indiquant que j’irai à la gendarmerie demain matin.

Ce n’est qu’après avoir refermé la porte sans la claquer, que je perds un peu plus de ma Bouddha attitude.

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Et Tamara gueula : Juste une mise au point

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Spoiler alert : post à tendance féministe.

Ceci dit, vous avez l’habitude, ça fait plusieurs fois que je vous fais le coup.

Aujourd’hui, nous sommes le 8 mars.

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Lisez bien les lettres qui sont à côté de l’image. Elles forment des mots. Si on lit bien TOUS les mots: on obtient JOURNEE INTERNATIONALE POUR LES DROITS DES FEMMES.

Pas « journée de la femme ».

L’objectif de cette journée est de faire le point sur les droits des femmes dans le monde. Amplifier la communication dans les combats contre les violences faites aux femmes, renforcer l’idée d’égalité, afin d’espérer qu’un jour, où qu’elle soit dans le monde, une femme pourra décider de son destin, de son apparence et de sa vie en général, sans se faire balancer de l’acide en pleine tronche, se faire violer, ou tuer.

Le 8 mars rappelle aussi qu’il y a eu, y a, et aura autant de femmes exceptionnelles que d’hommes exceptionnels, et qu’il serait temps qu’elles rentrent dans les livres d’histoires, les plaques commémoratives et les musées.

#KilleuseDAmbiance

Le but, c’est de pousser les gens à s’informer, signer des pétitions, aider, se rendre compte que c’est une lutte acharnée et quotidienne contre l’obscurantisme, qui est PARTOUT.

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http://invisibilisees.tumblr.com/

S’il-vous-plaît, arrêtez avec les clichés sur « La journée de la femme ». Mon portable bippe et re-bippe depuis 6 heures du matin, m’offrant une avalanche de réductions sur des produits de beauté, des fringues…

Merci à l’Echo des Sorcières pour cette image géniale :

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Je suis une addict à toutes ces choses. Mais je refuse que La journée internationale des droits de la femme se transforme en ode au consumérisme et au culte de l’apparence. On parle de droits, de combats, de lutte intellectuelle, de violence. Pas de maquillage.

Ne diffusez pas les jolies images sur fond de fleurs et de couchers de soleil qui souhaitent à toutes les femmes une belle journée. Ne nous bassinez pas avec les montages photos qui affichent que quel que soit leur physique ou leur caractère, on ADOOOORE les femmes. Ne brandissez pas la photo d’une femme à la moue faceduckesque (et encore, dans le meilleure des cas, c’est la seule partie de son anatomie qu’elle exhibe), avec une série d’adjectifs (chiante, imparfaite, en retard, boudeuse) émaillée de fautes d’orthographes, mais exceptionnelle parce qu’elle est une femme.

Je ne dis pas que je ferai bouffer sa rose à celui qui me l’offre, mais j’échange toutes ces bonnes intentions contre un moment de réflexion, une signature à une pétition, ou la lecture d’un article qui explique pourquoi il reste du chemin à faire.

Bonne journée à tous ceux qui savent à quoi correspond le 8 mars, qu’ils soient femmes, hommes ou transsexuels.