Qu’en dirait Freud ?

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Vous me connaissez, c’est pas mon genre de critiquer l’IUFM. On ne m’entendra pas dire que j’ai mieux à faire que d’aller passer la journée là-bas, du genre dormir, regarder un épisode de Downton Abbey, regarder ce que je peux me payer avec l’augmentation de salaire dont bénéficient désormais les stagiaires (passer des nouilles 1er prix aux Barilla, mon rêve est enfin réalisé), peaufiner ma séquence sur le passif, m’interroger sur mon avenir en terre picarde….

Je ne m’abaisserai pas à dire qu’on nous prend vraiment pour des abrutis et que bien souvent j’ai l’impression d’y perdre mon temps. Parce que se former, c’est important, et qu’il faut savoir se raccrocher au peu de formation que l’on nous accorde.

J’en vois qui rigolent, au fond, si ça ne vous intéresse pas vous pouvez sortir !

Bon, j’ai encore gâché une journée à écouter des sornettes sans fin (oui, des fois j’aime bien jurer comme une écolière du 19e).  J’oscille entre exaspération, tristesse, énervement, prise de tête et ironie sournoise. Je vous mets tout dans un paquet avec un ruban autour.

J’y croyais au début, en plus. Nan mais vraiment (pour les deux du fond qui se marrent, amusés par cette naïveté que je me trimballe depuis ma tendre adolescence), j’avais l’espoir, en voyant le programme de la journée, d’apprendre quelque chose. Je me suis fourrée le doigt dans l’oeil jusqu’au petit orteil.

Matin : Atelier sur la sexualité et les jeunes. Décodage façon Tamara : Apprendre à gérer Dylan lorsqu’il se masturbe en cours, Kévin qui mime une fellation quand j’explique un exercice, ou expliquer à Lucas pourquoi ce n’est pas correct d’apostropher Jessica dans les couloirs avec l’expression : « Va  sucer des bites, salope ! »

Après-midi : Atelier sur l’image et les médias. Décodage façon Tamara : Comprendre comment les médias ont réussi à faire des générations d’anorexiques, boulimiques, obèses, complexés au possible par leur apparence, leur faire comprendre que même s’ils n’ont pas une tronche de papier glacé et le dernier Longchamp, ils ont le droit de vivre.

C’était mal connaître l’IUFM (ton univers impitoyaaaableu).

Le matin, une infirmière-psychologue a accueilli mon atelier avec un enthousiasme proche du délire. Comme elle n’était pas formatrice IUFM, je ne me suis pas méfié. J’aurais dû.

« Vous allez commencer par m’écrire les 10 mots qui vous viennent à l’esprit quand on vous dit « sexualité ». Ensuite vous les classerez dans 2 pommes différentes. »

2 « pommes ».

Des catégories, on dit, chez les adultes. Mais bon.

Cette activité a eu le mérite de ramener à la vie les adolescents qui sommeillaient en nous : gloussements, sous-entendus, clin d’oeils complices, etc…

Après un déballage de « qui a trouvé quoi », nous avons eu droit à un diaporama qui a duré toute la matinée. Sur l’âge de la majorité sexuelle, le cerveau de l’adolescent, bref comme d’hab’, tout dans la théorie, rien dans la pratique.

Au fait, j’ai dit que Miss Et-moi-et-moi-et-moi était dans ce groupe ? Nan ?

Ben elle était dans ce groupe.

Mais curieusement, peut-être par instinct de survie et pour le bien-être de toute la communauté, on ne l’a pas entendue. Une extinction de voix, probablement.

Matinée de foutue, donc.

Et l’après-midi, me direz-vous ?

Je ne me souviens que d’une chose : l’étude de publicités des années 50. Nous être fait expliquer en long, en large et en travers comment la campagne de pub d’un soda pétillant de couleur marron réussit à nous donner soif rien qu’avec la couleur rouge.

Respect.

Merde. C’est la couleur de mes nouvelles chaussures.

« Allez, on se barre, Tamara ? On lui a dit qu’on décollait à 16h parce qu’on avait un conseil de classe ! »

« Mais il est 15h30, bordel ! On peut pas partir maintenant, ça se fait pas ! »

« Tu dis ça par conscience professionnelle, ou parce que tu n’as pas fini de te limer les ongles de la main droite ? »

« Les deux, mon capitaine. »

À propos de Tamara T.

Je suis prof d'anglais en ZEP, au début de ma carrière, et j'ai été envoyée dans les Hauts de France grâce à la magie du système de mutations. Je partage sur ce blog mes aventures. Parce que l'Education Nationale le vaut bien.

Une réponse "

  1. Tu vois, il y a au moins un truc qui te manquera moyennement en terre picarde.

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  2. Pour le prochain stage, faut préparer un loto des mots vides et des grandes idées creuses débitées par la formatrice (buzzword), et la première qui a sa feuille entièrement biffée se lève en criant « loto » (et elle a le droit de partir, même si il est 11h25 !
    j’ai retrouvé celui de Dilbert :

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