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Premier poste fixe, les aventures d’une néo-tit’ au pays des betteraves : Picardie, me voilà !

SOS collègue en détresse

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On a tous connu ce moment de panique incontrôlable face à une classe, pendant lequel on ne sait pas quoi faire, et on a l’impression que c’est la fin du monde.

C’est le bordel.

Plus personne n’écoute, quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, la situation ne semble destinée qu’à empirer.

On tente de respirer profondément, par le ventre, histoire de se calmer et de reprendre le contrôle d’une main de fer, en utilisant un ton ferme, mais juste.

Mais rien n’y fait.

 En l’espace de quelques secondes, on voit sa vie défil….

j'en fais un peu trop

Se faire bordéliser, ça s’appelle.

La période de l’année, les classes, l’humeur dans laquelle on se trouve, son « rayonnement » (c’est un des critères pour notre notation administrative, si quelqu’un sait à quoi cela correspond, je prends !), les conditions atmosphériques influent sur la fréquence de la bordélisation.

Bien entendu, je ne fais pas exception à la règle.

grands segpas

je ne tiens pas à ma voiture

grève

Certains collègues se font « bordéliser » systématiquement.

Je n’ai aucune envie de détailler les raison et de les accuser de tous les maux de la terre : manque d’autorité, ne savent pas intéresser les gamins, c’est de la faiblesse mentale, blablabla, parce que réduire les causes de la bordélisation à une faille de la part d’un professeur, c’est facile, et gratuit.

Je l’ai assez dit, c’est pas comme si on nous avait formés de façon efficace avant de nous laisser sur le champ de bataille.

Face à la bordélisation, on observe plusieurs formes de réaction :

  • Ceux qui, comme moi, ont besoin de relâcher la pression, et donc en parlent ouvertement en salle des profs, dans l’espoir de glaner un peu de réconfort et surtout des conseils.
  • Ceux qui ont honte de leur situation, pensent que c’est entièrement de leur faute, et préfèrent donc se murer dans le silence.
  • Ceux qui ont honte, ou se voilent complètement la face, et s’enfoncent dans le déni le plus total. Quitte à vous répondre : « Ah mais non, moi avec cette classe ça se passe super bien, ils sont adorables. » quand vous êtes en larmes après avoir failli vous faire casser la gueule. Ce n’est qu’en passant dans le couloir, devant la porte du ou de la collègue et en entendant le chahut général que vous comprenez que tout n’est pas si rose au pays des licornes.

foutu de votre gueuleCette année, j’ai fait la connaissance de Jonathan, qui s’est installé dans la salle juste en face de moi. Jonathan était timide, mais plutôt sympa, et avait quelques années d’expérience de plus que moi dans l’enseignement de l’anglais, ce qui nous a permis d’échanger des documents.

Par contre, de septembre à juillet, il s’est fait bordéliser par certaines de ses classes, au point que j’ai cru qu’il allait finir par démissionner.

En tant que collègue, quelle est l’attitude à adopter face à un(e) collègue qui en voit des vertes et des pas mûres ?

Ce n’est pas une question rhétorique, je vous la pose vraiment. A part remonter le moral à coups de blagues nazes et de chocolat tiré de ma réserve personnelle, pour être honnête, je ne sais pas comment faire. Donner des conseils, au risque de passer pour une prétentieuse qui sait mieux que tout le monde, conseils qui ne seront d’ailleurs pas forcément applicables ? Intervenir dans son cours, histoire de mettre encore plus en péril son autorité ?

J’ai tenté d’aider Jonathan, avec plus ou moins de succès.

Un jour, après un de ses cours particulièrement bruyants, je suis allée m’installer à côté de lui en salle des profs. Il était blafard, et visiblement les 15 minutes de pause ne lui suffiraient pas à se remettre de l’heure horrible qu’il venait de passer.

« Toi non plus, c’est pas la grande forme, on dirait. »

« Ah heu…salut Tamara. Désolé, j’ai dérangé ton cours ? Mes 4èmes étaient ignobles aujourd’hui. »

« Ah ben justement, t’as pas entendu à quel point les segpas m’ont pourri ! C’était horrible ! J’ai cru que j’allais me mettre à chialer avant de quitter la classe ! »

« Sérieusement ? Toi aussi ? »

« Ben oui, tu crois quoi ? J’en bave régulièrement, moi aussi ! J’ai cru que j’allais en passer un par la fenêtre ! En plus, c’est des gaillards, donc si tu veux, je suis moyennement rassurée quand je pique une gueulante ! »

« Ah oui effectivement. Si tu as un problème, tu n’hésites pas à venir me chercher, surtout ! »

« Merci, parce que franchement, des fois… Ca vaut pour toi aussi, si jamais tu en as des chiants, tu me les envoies. Surtout tes 4e, je les ai eus l’année dernière, ils étaient déjà bien casse-pieds. Mais en les isolant dans ma classe, non seulement ça va les calmer, mais en plus tu seras tranquille de ton côté. Marché conclu ? »

Bon alors on va dire que vous avez assisté à l’étape 1 : se mettre sur un pied d’égalité. Exprimer ses doutes et ses craintes, afin que le collègue comprenne qu’il n’est pas seul dans sa galère, puis proposer de l’aide de façon détournée.

Le lendemain matin, les 4èmes de Jonathan n’ont pas attendu la fin de la première minute pour faire de son cours un vrai enfer. Depuis ma salle, j’entends des cris, des bruits de chaises qu’on déplace, la voix étouffée de Jonathan, et les rires des élèves. Le son monte de plus en plus.

j'y vais ou jy vais pas

Ce n’est qu’en entendant un élève répondre « Ferme ta gueule, connard » à Jonathan qui lui demandait de s’asseoir, que je me suis décidée à entrer sous un faux prétexte. Etape 2 : action-réaction (nan mais désolée, j’arrivais pas à trouver de titre…)

Marqueur 1

En me voyant, mes anciens 5e se figent. Je leur lance des oeillades assassines pour bien leur faire comprendre que je suis au courant de leur cirque, pendant que Jonathan farfouille dans ses affaires pour me trouver un marqueur. Il me le tend d’une main tremblante.

« Merci, tu me sauves ! Je retourne en classe ! « 

Je lance un dernier regard aux 4e et vois 2 élèves hilares. Jonathan me les a décrites comme étant 2 pestes, et effectivement dans mon souvenir, c’était déjà le cas l’an dernier :

poulailler

Conscientes qu’elles viennent de se taper une honte inter-sidérale, elles se taisent, et Jonathan en profite pour les séparer. Je retourne dans mes pénates.

5 minutes plus tard, c’est encore et toujours le gros bordel, au point que mes 6e n’entendent pas la vidéo des supers-héros sur laquelle nous sommes en train de travailler. Bon.

marqueur rouge

J’en profite pour jouer le « justicier-minute » (étape 3):

matéo

Matéo descend, conscient qu’effectivement, je suis quasi une psychopathe, et qu’il ne sait pas trop à quoi s’en tenir. Je prends son carnet pour y mettre un mot à l’attention de son père.

10 minutes de calme.

C’est tout ce que Jonathan et moi avons obtenu.

boulet prépositions

 

J’arrive au beau milieu d’une bagarre à coups de chaise….

Comme si c’était normal, je récupère le fameux marqueur vert, avant de me tourner vers les élèves :

baston à coup de chaises

J’enguirlande copieusement les 2 compères, et les escorte dans le bureau du chef à la sonnerie. Comme il est midi, ils se font griller leur passage prioritaire à la cantine, et je leur signifie que ça sera le cas chaque fois qu’ils décideront de se comporter comme des sauvages en cours d’anglais.

Je retourne à ma salle chercher mon ticket de cantine, et m’aperçois que Jonathan est prostré sur sa chaise, en état de choc complet. Sa salle est complètement retournée. Lui aussi, visiblement.

« Je vais jamais y arriver, c’est pas possible… »

« T’inquiète pas, ils te testent ! Moi aussi quand je suis arrivée, les 6 premiers mois, j’en ai pris plein la tronche ! Et tu as bien vu que c’est pas encore ça ! »

« Je sais plus quoi faire…. »

« J’ai une collègue dans un bahut craignos qui m’a dit qu’elle faisait cours la porte ouverte : tu ne voudrais pas qu’on essaye ? On est que tous les deux dans le couloir cet aprem. Franchement, ça me rassurerait de laisser la mienne ouverte, je te rappelle que j’ai les segpas à 14h00. »

« Non mais ça va être le Bronx dans ma salle, tu ne vas pas réussir à bosser à cause de moi. »

« On essaye, juste une fois ? Ca te permettra de constater que mes cours ne sont pas si calmes que ça. »

« Bon, d’accord. »

Etape 4, pour ceux qui suivent : le travail d’équipe.

En vrai, j’ai surtout constaté que le niveau sonore de ses cours était insupportable. Mais que les élèves, en me voyant passer dans le couloir pour faire une « purge » de ceux qui ne se comportaient pas convenablement, étaient un tantinet plus tranquille. Les segpas, intrigués par ce nouveau mode de fonctionnement, ont été bizarrement calmes.

Je savais que je pouvais compter sur les 3èmes pour montrer à Jonathan que je n’étais pas la Super Nanny de la discipline scolaire.

Enfin, sur un, surtout.

Romain, pour ne pas le citer.

Après avoir passé une demie-heure à balancer des papiers, et insulter ses camarades, il a fini par sortir la phrase de trop :

c'est moi le chef

« Ah, c’est toi le chef ? Ben tu sais quoi ? Tu vas ranger tout ton matériel, là, et tu fous le camp ! Pierre va t’amener dans le bureau du chef d’établissement, et tu vas t’expliquer avec lui. Tu n’as rien à faire ici, je ne suis pas nounou ! »

Vexé, Romain adopte la procédure habituelle de l’élève qui vient de se faire virer, à savoir ranger ses affaires le plus lentement possible, et marcher le plus lentement possible également, le tout en souriant, afin d’énerver au possible son professeur.

Ca a super bien marché, il faut bien le reconnaître.

J’ai saisi ses affaires et les ai balancées dans le couloir.

dégage

En m’entendant crier, Jonathan débarque : « Heu, ça va ? »

« Non ! Ce grand dadais qui a 2 ans d’âge mental ne sait visiblement pas ranger ses affaires dans son sac ! Fais-le sortir de ma salle avant que je lui foute mon pied au cul ! « 

Les 3èmes rient discrètement, moyennement rassurés à l’idée d’être mes prochaines victimes. Jonathan escorte Romain et Pierre à l’extérieur de ma salle. Ces deux derniers sont silencieux, ils ont bien remarqué que je ne suis pas loin de vraiment foutre mon pied au cul du prochain qui me cherche.

Je crie à Pierre dans le couloir : « Et tu leur dis de bien le garder, en vie scolaire, surtout ! Parce qu’au train où ça va, je vais bientôt devoir lui changer ses couches avant l’heure de la sieste ! »

La catharsis, ça s’appelle.

Jonathan me regarde d’un air inquiet.

« Ca va aller ? »

« Oui, t’inquiète ! Fallait juste que ça sorte ! »

Il me rejoint pour le café en salle informatique, alors que je suis en train de rédiger mon rapport d’incident sur Romain, qui détaille son comportement et réclame des sanctions.

« Faut pas te chercher, toi, quand tu es furax, dis-donc ! Je t’ai pris un café mais…décaféiné ! »

« Non mais Romain, c’est une longue histoire ! Et je t’avais dit que moi aussi je pétais les plombs ! Merci de m’avoir aidée ! »

« De rien. On continue notre petite routine, à s’échanger des élèves, et à faire cours la porte ouverte de temps en temps ? »

« J’espère bien ! Ca m’évitera de commettre un élèvicide ! »

Je mettre la dernière touche au rapport concernant Romain : « Je souhaiterais qu’il s’excuse devant toute la classe, et en présence du chef d’établissement ou du CPE, ainsi qu’il prenne un engagement à respecter ses camarades et mon cours. »

ca va bien le faire chierIl y a des petits plaisirs de la vie qu’il ne faut pas se refuser….

Ou pour citer Coluche : « Sans blaaaaague, meeeeerde ! »

Fuse-blowing

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Je suis dans cette période où  la fatigue et l’énervement s’accumulent, faisant tomber au passage les codes sociaux et les différents filtres.

Ce qui veut dire que, quand j’ai envie de dire quelque chose, ça sort. La cathartique suprême pour éviter de mettre des baffes (j’en ai marre d’enfoncer les poings tellement loin dans mes poches que je les déforme).

Exemple concret numéro 1 :

A force de nous bassiner avec le logiciel Sacoche qui est « teeeellement formidaaaaable » (oui c’est clair que valider des compétences sur un écran d’ordinateur, c’est une innovation pédagogique exceptionnelle), tout le monde est obligé de s’y mettre.

Tout le monde ? Non, certains profs qui y ont jeté un coup d’oeil et estiment qu’ils ont mieux à faire de leurs soirées résistent encore et toujours.

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Regards interloqués des premiers de la classe en salle des profs.

« Non mais c’est pas contre vous, hein, mais franchement, j’ai pas du tout envie d’y passer plus de temps que ça. »

Exemple concret numéro 2 : 

Exaspérée par le comportement de Clément qui s’amuse à balancer ses ciseaux, traite ses voisines de « grosses putes », et refuse de sortir ses affaires, je lui réclame son carnet de correspondance. Il se lève et le balance avec dédain (mot qu’à mon avis, il ne connaît pas) sur mon bureau.

Ma réaction ne se fait pas attendre : je prends le carnet, et le balance avec violence contre le mur du fond de la classe. Les différents papiers non collés/non distribués – sortie au musée, rappel de la cantine, rattrapage de cours –  qui s’y entassent depuis septembre volent partout. Clément est pétrifié pendant quelques secondes, mais finit par reprendre ses esprits : « Putain vous avez pas le droit de faire ça ! Je vais aller me plaindre ! »

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Clément rougit et grommelle dans son coin, sous les sarcasmes de ses camarades. Il vient en cours quand il en a envie, pour le désespoir de ses parents, qui ne comprennent pas pourquoi leur petit chéri, qui d’après eux est « tellement intelligent, vous verriez comme il s’en sort super bien avec ses jeux en ligne », plafonne à 3,75 de moyenne générale.

Exemple concret numéro 3 : 

17H30, vendredi dernier, tous les profs s’apprêtent à assister à la 16 574ème réunion de l’année.

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Ma période « no self-control » s’explique aussi par le mariage récent de Benedict. Un 14 février…. C’est d’un cliché…. Je suis sûre que c’est son idée à elle… (Sorry David, but I cannot get over it…)

Donc je me lamente devant des épisodes de Sherlock en buvant des litres de PG tips.

Exemple concret numéro 4 :

Romain, l’ado dans toute sa splendeur. Il aime :

– emmerder les profs

– faire craquer les profs

– insulter les profs

– foutre le bordel pendant le cours des profs

Romain a une tête d’insecte, avec des dents bizarres, un regard inexpressif, et presque des antennes sur le crâne.

Romain est en plein éveil sexuel, et aime régulièrement se « dégoupiller la bombinette » – ou faire semblant – pendant les cours.

Ce mardi, Eliane, une des profs de Romain, est arrivée effondrée à la pause.

« Une heure à me faire traiter de grosse salope, à me prendre des boulettes de papier en pleine tronche, à l’entendre faire des bruits bizarres, avec ses mains sous la table, et à ne pas pouvoir le renvoyer parce que maintenant on nous empêche de le faire. J’en peux plus, de ce gosse ! »

Domi a réconforté Eliane.

Je suis allée chercher la classe de Romain dans la cour. Celui-ci était en train de se vanter d’avoir fait « péter un plomb à la prof. » et faisait revivre aux autres les meilleurs moments de sa prestation, avec force gestes et commentaires. Je m’avance vers lui, et lui lance d’un ton glacial :

« Tu te ranges, tu te calmes, tu te tais. On est pas au zoo. »

« Oh c’est bon, je fais ce que je veux, hein ! Me parlez pas comme à un chien, là. »

« Je te corrige tout de suite, mon chien, à lui, je lui parle bien, et au moins il m’obéit. »

Romain voit le principal en arrière-plan, prêt à intervenir. Il s’exécute….jusqu’à son arrivée dans la salle de classe, où il s’affale bruyamment sur sa chaise et refuse de sortir ses affaires. Je distribue les papiers sans lui prêter attention. Il commence à en faire un avion.

Bon.

« Tu colles la feuille et tu lis ce qu’il y a dessus. »

« Nan, rien à foutre. »

Je suis tentée de le dégager de mon cours ou de le laisser moisir sur sa chaise, mais je revois le visage bouleversé d’Eliane.

« Ben alors Romain, c’est quoi ton problème, tu ne sais pas lire ? Tu ne sais pas coller une feuille ? »

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Il me fixe, incrédule.

« Bon alors première étape, tu saisis ton tube de colle. »

Romain me regarde prendre le tube de colle, médusé.

« C’est celui-là, le tube de colle, d’accord ? Pour l’ouvrir il faut tenir des deux côtés et léééégèèèrement tourner le capuchon et hop !! Regarde !! C’est magique ! Y’a le tube de colle dedans ! »

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Je suis absolument surexcitée et lui parle comme à un enfant de 3 ans. La classe se divise entre ceux qui sont scotchés et se demandent si je ne suis pas en train de faire un AVC, et ceux qui sont morts de rire devant le foutage de gueule que j’ai instauré.

« Le truc, pour sortir le tube de colle, c’est de tourner la petite mollette pour le faire sortir. Eeeeeeet hop le voilà ! »

Romain est rouge de honte.

« Alors maintenant attention, scénario piège : qu’est-ce que tu fais si tu as TROP sorti le bâton de colle ? Chut les autres, surtout ne l’aidez pas ! »

Romain me prend le bâton des mains, énervé, bien conscient qu’à ce moment précis la classe toute entière, prof comprise, se moque de lui.

« Ouiiiiiiiiii c’est ça, on tourne la mollette dans l’autre sens pour faire rentrer le tube de colle !! C’est bien !!!! »

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Salve d’applaudissements dans la classe. Je finis par les calmer et à les remettre au travail. Ce dont Romain profite pour reprendre ses mimiques habituelles (je vous rappelle les thèmes dominants : éveil – sexualité – pleurage de cyclope), provoquant des cris de dégoût des filles et des rires gras des garçons.

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Inutile de dire que Romain n’était pas du tout content, en sortant de mon cours. Et qu’il a menacé de ne plus jamais revenir. Ma sentence a été sans appel.

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I’m back

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Oui, je sais.

Mon absentéisme sur ce blog est à la limite de l’indécence.

Pour ma défense, j’ai été malade pendant loooongtemps (d’un truc assez costaud mais pas grave qui n’est pas intéressant)

Pis j’essaye d’avoir une vie sociale en Picardie.

soirée betterave

Lundi dernier, donc, je me suis pliée de bonne grâce au rituel immuable de la pré-rentrée. Ce jour où TOUT le monde, sauf les élèves, vient au collège.

Rentrer avant un jour tout le monde, perso, comme dirait Kristofeur, « c’est grave abusé ».

Surtout quand tu penses aux trucs super importants que tu aurais pu faire tranquillement au lieu d’être coincée en réunion, à causer Sacoche ou objectifs pédagogiques.

Comme de regarder « comment ça va bien » et de se dire qu’on a une vie passionnante.

Ou de se mettre ENFIN à la série « games of Throne », que tout le monde adooooore.

Ou de me trouver un super fauteuil de bureau pour travailler à mon bureau, au lieu d’y entasser des piles de documents.

Une pré-rentrée et une rentrée, ça se prépare. On se met au point sur les dernières Instructions Officielles, on réaménage ses séquences pour trouver la tâche finale exceptionnelle, et travailler toutes les compétences du socle commun. Ce qui permet de faire ses photocopies pour les 2, voire 3 semaines à venir dès le jour de la pré-rentrée, si vous ne les avez pas faites début juillet.

Ahaha.

En vrai, j’ai débarqué en Picardie la veille, à 23H37 à la gare, avec comme d’habitude 15 valises de 40 kilos chacun, et les recommandations de Queen Mum sur les 5 fruits et légumes frais, chapeautée par Dad Gyver, légèrement inquiet quand à la robustesse des valises en question, même s’il a passé la semaine à les rafistoler dans son atelier (non, pas avec un trombone et un élastique !)

J’étais donc au top de ma forme le lendemain matin à 7H30, en décidant péniblement de ce que j’allais mettre parmi mes fringues propres et sans sable.

UMP

(non pas que le clivage entre les partis politiques à l’heure actuelle veuille dire quelque chose, hein… Mais pas de politique sur ce blog !)

J’ai pris 10 minutes pour vider mon cartable, que je n’avais pas touché depuis le 5 juillet, avant de filer retrouver mes collègues, hyper motivée pour démarrer une année sur les chapeaux de roue.

lâchez moi

Jipé m’attendait de pied ferme, pour me raconter ses vacances à la Bourboule :

« Tamaraaaa ma grande !! Comment tu vas ? Tu as pris des couleurs, tu ressembles moins au lavabo des toilettes des hommes ! »

« Tout le monde ne peut pas avoir la couperose. Hello Jipé ! La forme ? »

« Tu m’étonnes ! Pas de 3èmes, cette année, je vais être peinard !! Alors, tu t’es fiancée pendant les vacances ? »

« Heu….. non, pourquoi ? »

« Tu sais, mon fils, Rémi ? Il est célibataire ! »

J’avais oublié la « mission Jipé » : me caser avec son fils. Pour que j’entre dans la famille, parce qu’apparemment, je réponds à tous ses critères. Captain Jipé est donc désespérément à la recherche d’un créneau pendant lequel son fils et moi sommes célibataires en même temps.

Je profitais tranquillement de cette pré-rentrée pendant laquelle, pour la première fois, je connaissais déjà l’équipe de direction et les collègues. En tentant de trouver de l’alcool à boire, pour que les réunions passent plus vite.

alcool

Inutile de préciser que je me suis resservie après avoir discuté avec une de mes collègues, Patricia :

« Alors, Tam, tu as profité de tes vacances pour rentrer dans ta famille ? »

« Ooooh oui ! Et enchaîner les fêtes, les barbecues…farniente total, quoi !! Et toi ? »

« J’ai fait la même chose les deux premières semaines. Et après j’ai retravaillé toutes mes séquences. « 

« Heu…tout le reste de l’été ? »

« Oh ben non, quand même ! Je ne travaillais pas les week-ends ! »

Ne me demandez pas ce qui s’est dit pendant les réunions.

Je peux juste vous dire que mon emploi du temps est plutôt pas mal.

Et vous, ça va ?

Conne-As(s)

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Que de vulgarité dans un seul titre …. Ouais, j’aime choquer.

2 explications à cette incontinence verbale au registre peu approprié :

– 1 : Les vidéos de La Connasse, qui me font mourir de rire

– 2 : Le fait que cette année, je me coltine des conseils de classe le vendredi soir.

D’où cette réflexion : qu’est-ce que ça donnerait si je disais à voix haute toutes les méchancetés qui me passent par la tête en plein conseil de classe ? (oui, j’ai des envies de suicide professionnel en ce moment)

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Oui, je sais, c’est un peu facile comme post. Mais je suis en train de rédiger un mémoire sur la fonction cathartique du bitstrip, on ne peut pas tout faire…

scènes vacancières typiques

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Les 6èmes me demandent s’ils peuvent sortir leurs bonbons parce que « c’est les vacances aujourd’hui ».

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Les 6e se jettent des coups d’oeil, étonnés : « Ben heu…non. »

alors c'est non

Ils soupirent et vont s’installer à leur place en râlant. Bouderies qui s’achèvent quand j’annonce qu’on va regarder un dessin animé.

« Ouaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiis ! »

Alexandra lève le doigt pour souligner un problème d’une importance cruciale : « En français ou en anglais ? »

« In English, of course ! »

« Oh nooooooooooooon! Mais Madame, on va rien comprendre ! »

« Bon alors je mets des sous-titres. Mais en anglais. »

« Ca changera rien ! »

Magnanime, je lance un :  « Bon, d’accord, en français alors. »

Au rang du fond qui commence déjà la complainte de l’élève maltraité, je précise que j’ai tout une batterie d’exercices de grammaire, assez pour tenir toute l’heure, et que s’ils préfèrent ça, ça ne me pose aucun problème.

« Nan, nan, c’est bien, le film ! »

Tous les 6e sans exception prennent la fiche et les questions auxquelles ils devront répondre, et regardent sans bruit le DVD. Je me mets à jour dans mes corrections de copies, histoire d’éviter d’en avoir à corriger pendant les vacances.

Les SEGPAs arrivent, surexcités. Je parviens tant bien que mal à leur faire travailler les termes pour donner la météo, à coup de jeux, chansons, et travaux manuels.

Quentin, qui ne fait rien depuis le début de l’année, trouve que l’anglais « c’est de la merde », et passe le plus clair de son temps à balancer des boulettes dans ma salle ou à embêter les autres élèves de la classe, décide, une fois de plus, de pourrir mon cours au maximum de ses capacités afin de se faire renvoyer et d’aller glander en étude, en faisant tourner en bourrique les surveillants. Je décide, une fois de plus, de ne pas céder, et le recadre dès qu’il fait le moindre écart. Après avoir guetté la réponse du coin de l’oeil sur la feuille de son voisin, Quentin veut absolument aller au tableau et se lève sans même avoir la permission. La dernière fois, il en avait profité pour dessiner « sa bite ». Je le renvoie direct à sa place. La réaction ne se fait pas attendre.

va te faire enculer

Je reste zen.

« Tu peux répéter ? »

« J’ai rien dit ! « 

« Bien sûr, prend moi pour une idiote… »

« C’est abusé, là ! J’ai rien fait, vous me faites chier ! »

« Arrête de dire n’imp’, on a entendu ce que t’as dit à la prof, ça se fait pas ! »

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(En vrai, j’ai juste envie de lui refaire la tronche à coups de brosse du tableau en lui hurlant « Tu sais ce qu’elle te dit, la salope, petit merdeux ? » mais je ne suis pas sûre d’avoir adhéré à l’Autonome de Solidarité cette année, et je suis trop fatiguée.)

Les garçons de la classe s’offusquent. Ils foutent régulièrement le bordel pendant mon cours eux aussi, mais de là à m’insulter…

« On va lui casser la gueule à la récré, Madame. Ca se fait trop pas de vous traiter comme ça. Il est mort ! »

« C’est hors-de-question. C’est vous qui allez avoir des problèmes alors que c’est lui qui m’a insulté. Je vous ai déjà dit qu’on ne réglait pas les problèmes en se tapant dessus. C’est moi qui me suis faite insulter, vous m’avez vu lui taper dessus ? »

« Ben nan. »

« Donc vous me laissez régler ça. Je m’occuperai de son cas plus tard. »

A la récré, je raconte la scène en salle des profs. Eliane, la cinquantaine, un peu guindée dans ses fringues chers et ses bijoux en or, s’exclame : « Quoi ? Il t’a dit d’aller te faire enculer ? Et t’as fait quoi ? »

« Ben j’y suis allée ! »

Gros silence avant que Matthieu ne capte la vanne et commence à se marrer, suivi de tout le monde, sauf Eliane qui visiblement n’a pas apprécié la blague.

Les 3e entrent et Guy-Antoine (oui, ça fait tache au milieu des Dylan et autres) s’approche de mon bureau pour demander si je vais changer le plan de classe pendant les vacances, « parce que c’est un truc de gamin et il ne me plaît pas, votre plan de classe. »

« Ca dépend, tu as l’intention d’apprendre tous tes verbes irréguliers pendant les vacances ? »

« Ben non. »

« Ben donc je n’ai pas l’intention de changer le plan de classe. »

« Ouais mais vous, vous êtes payée pour ça. »

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A la fin de l’heure, Laura et Mélanie, deux excellentes élèves, s’approchent timidement de mon bureau :

« On voulait vous dire, madame… »

« Je vous écoute, les filles. »

« On vous trouve très jolie et on aime bien vos cours. Et on vous a fait un cadeau. »

Je…rougis avant d’ouvrir le cadeau. Des boucles d’oreille en pâte fimo en forme de Union Jack.

« C’est super joli ! Merci beaucoup ! Je les mets tout de suite ! »

Elle rosissent de plaisir.

« Bonnes vacances, madame. Reposez-vous bien ! »

« Bonnes vacances, les filles, et merci beaucoup pour le cadeau ! »

Jipé arrive devant ma salle :

« Ca va, ma grande ? »

« Oui, et toi ? »

« Il paraît que tu t’es fait insulter par un de mes SEGPAs. Tu sais ce qu’il va avoir, comme sanction ? »

« Nan mais je sens que ça ne va pas me plaire… »

« 1 jour d’exclusion et C’EST TOUT ! 1 jour à glander chez lui tranquillou! Tu vas aller porter plainte, hein ? »

« Oui, t’inquiète ! »

« Ca va aller, pour la suite de tes cours ? J’ai une heure de libre, si tu veux je te prends tes élèves. Tu as l’air crevée. »

« Ca va aller, Jipé, promis ! Merci. »

Ma classe de 4e passe l’heure de cours à s’invectiver, rigoler, faire des commentaires à voix haute… Je leur dis que j’ai l’impression de faire cours à une classe de Lapin Crétins. Ils se mettent à ricaner, rendant la ressemblance encore plus flagrante…

John entre en mode caïd, arborant avec fierté un pull jaune avec écrit « Mother fucker » dessus. Il pose son sac sur sa table, croise les bras et fait semblant de dormir. Après lui avoir demandé 3 fois de poser son sac par terre, je finis par le dégager d’un coup de main rapidos. Enervé, John s’exclame :

« Putain ! Mon sac, là ! »

« C’est à moi que tu parles ? »

« Ben ouais ! »

« Carnet ! »

« Je m’en fous, je l’ai pas ! »

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John songe au paquet de clopes et autres objets illégaux qui se baladent dans le sac à dos déchiré qui lui sert de cartable. Il finit par me tendre son carnet, qui est bien entendu dans un état lamentable.

Il passe le reste de l’heure les bras croisés, à me défier du regard.

« J’ai pas mes affaires, donc je peux pas travailler. »

« Tu prends une feuille et tu notes le cours. »

« J’ai pas de feuille. »

« Tu en trouves une. »

« J’en trouve pas. »

Zen.

Je demande à Christiane (la femme de ménage) de me prêter un balai, une balayette et sa pelle.

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Sous les quolibets de ses camarades, John se met au boulot. Il est obligé de s’appliquer : Christiane, le sourire aux lèvres, le surveille de près. Il finit par se rebeller :

« C’est bon, là, j’en ai marre de faire la bonniche, en plus les autres ils se foutent de ma gueule ! »

« Déjà, tu ne fais pas la bonniche, tu fais le ménage. Ensuite, tu es prêt à te mettre au boulot ? »

« Non, j’ai pas envie. »

« Ok, alors tu continues de balayer. »

John commence à grogner.

« De toute façon, je m’en bats les couilles. »

Il me guette du coin de l’oeil, espérant une réaction. Je ne bouge pas.

« Putain, ça me casse les couilles, ce cours de merde. »

Je lui souris : « Dis-donc John, si tu pouvais éviter de nous faire part de tes complexes d’infériorité sur la taille de tes parties génitales, ça m’arrangerait ! »

Regard vide. Charlotte, l’intellectuelle du groupe, lui traduit : « En gros, elle vient de te dire que tu as une petite bite, là! »

John se remet à grogner :

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Grosse marrade générale. John déclare forfait, finit par terminer de balayer en silence avant de s’installer à sa place et de sortir une feuille, déchirée de son cahier d’histoire-géo. Christiane range le chiffon qu’elle avait sorti pour lui faire nettoyer les tables et quitte ma salle de classe en me faisant un clin d’oeil.

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Tout, vous saurez tout sur le doudou

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Nous vivons une ère de l’histoire qui est capitale. Cruciale, même. Un moment où l’information internationale est brûlante. Vous n’êtes sûrement pas passé(e) à côté, à moins que vous habitiez dans une caverne  évitiez les médias avec un acharnement proche de la paranoïa.

Je parle de ça :

on a retrouvé Doudou(je précise au passage que la photo n’a pas été retouchée)

Si vous souhaitez vous remettre à jour sur le fait d’actualité qui a détrôné la révolte du peuple Ukrainien, vous pouvez aller ici : http://www.republicain-lorrain.fr/meurthe-et-moselle/2014/02/24/nancy-on-a-sauve-doudou-lapin

Je n’ai aucune prétention journalistique, bien au contraire. Cependant, et ce afin d’arrondir mes fins de mois, j’ai décidé de me lancer dans la littérature enfantine. Avis aux illustrateurs en herbe qui souhaiteraient associer leur plume à mon clavier (aucun sous-entendu de quelque sorte que ce soit, je parle de littérature pour ENFANTS !).

Pourquoi la littérature enfantine, me demanderez-vous ? (ou pas, d’ailleurs, mais comme c’est moi qui rédige, je vous fais vous interroger si et quand je veux).

ze buzzLà, vous vous dites (une fois de plus, parce que je l’ai décidé) : « C’est génial, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? ».

Je vous répondrai que je ne sais pas, mais que c’est grâce à cette idée de génie que je vais réussir à me mettre en disponibilité jusqu’à la fin de mes jours pour pouvoir profiter pleinement de la colocation avec mes nains de jardin, de retour dans ma ville à arrondissements (ou sur une île sous les tropiques. Encore que non, les tropiques, ça me rappelle trop Gilbert Montagné. Mais un endroit avec du soleil, du sable, la mer et des palmiers me convient très bien.)

L’avantage, c’est que moi, avant même d’avoir publié mon premier chef-d’oeuvre (parce que ça ne pourra être qu’un chef d’oeuvre), je sais que ce sera un best-seller. J’en veux pour preuve la bible de la littérature enfantine : « Tous à poil ! » dont tous les stocks sont épuisés.

Mon premier livre pour enfants s’intitulera donc comme ce post :

Tout, vous saurez tout sur le doudou

(Notez le titre original, qui combine provoc’ et référence culturelle de tout poil…)

doudou lapin

Un soir de février, Doudou lapin se promenait main dans la main avec son meilleur ami Martin. La nuit tombait, et il commençait à faire froid. Doudou lapin avait hâte de rentrer à la maison.

Mais soudain, Martin lâcha la main de Doudou lapin, qui tomba dans une bouche d’égout.

bouche d'égout

Doudou se sentit aspiré par l’obscurité et il fut jeté de force dans les eaux sombres et odorantes des égouts.

Balloté dans le noir et l’eau, Doudou avait très peur, mais il n’osa pas crier. Il ferma les yeux en espérant que Martin reviendrait le chercher très vite.

Mais les heures passaient, et Doudou Lapin était toujours plongé dans l’eau sale et l’obscurité.

« Au secours, Martin ! »

C’est alors qu’il vît de la lumière au bout du tunnel.

« Enfin !  » s’exclama t-il. Il espérait que Martin l’attendait au bout du tunnel pour le ramener à la maison.

Quelle fût la déception de Doudou Lapin lorsqu’il s’aperçut que c’était un homme en orange qui le saisit par l’oreille !

« Te voilà, petit polisson ! » lui dit l’homme en orange. Et Martin eut très peur de se faire disputer ou punir.

Mais l’homme l’installa à côté de lui dans sa camionnette, boucla sa ceinture de sécurité et démarra l’engin.

Devinez qui attendait Doudou Lapin sur le pas de la porte grande ouverte ?

ENFANT-DOUDOU

MARTIN !!

Allez, je suis sympa, je fais la liste des thèmes abordés qui ne sont pas compatibles avec l’éducation que l’on devrait donner aux enfants selon l’apôtre Jean-François :

L’homosexualité: 2 entités masculines, une proximité qui éveille des soupçons…

L’homosexualité affichée : Des homosexuels qui se baladent dans la rue en se tenant par la main, sans honte de la vue du modèle perverti qu’ils infligent au reste du monde, qui ne lui a rien demandé par ailleurs.

La sortie à la tombée de la nuit : il fait sombre, on a peur, l’ambiance n’est pas favorable aux enfants mais finira par le devenir. L’enfant deviendra un adolescent qui n’hésitera plus à sortir dans l’obscurité, et deviendra un délinquant.

La perte de l’être aimé : On s’attache et on s’abandonne à un cocon familial, bien à l’abri des menaces du monde extérieur pour voir son équilibre voler en éclat, brutalement.

La confrontation avec la mort : une image sombre, effrayante, à laquelle l’enfant est exposé involontairement. La mort est dans un premier temps présenté sous son pire aspect avant de prendre la fin d’une délivrance paradisiaque, relayant le messages des pro-euthanasie.

La confiance aveugle en l’inconnu, en mettant sa sécurité en péril : comment, on peut se faire saisir par l’oreille par un inconnu, se faire attacher à un fauteuil et conduire dans une voiture sans réagir ? Cet ouvrage n’est-il pas, au fond le meilleur moyen d’inciter les enfants à devenir des proies parfaites pour les pédophiles ?

Je vous laisse, je vais faire du shopping chez Chanel. Je préfère avoir la classe pour ma première conférence de presse.

Réflexion du jour, bonjour

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Je suis venue vous dire que je m’en vais.

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Les meilleures choses ont une fin.

Il faut que certaines pages se tournent pour laisser de la place à de nouveaux épisodes.

Le jour est venu. Ce post sera le dernier.

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Je vois déjà vos mines légèrement consternées, face à cette décision toute fraîche que je viens de prendre mais qui émerge de mon cerveau après une longue réflexion, suite à la lecture de cet article

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/01/06/01016-20140106ARTFIG00556-professeur-un-metier-sans-evolution.php

Je pense qu’Antoine Compagnon, qui est professeur de littérature française au Collège de France et donc bien au courant de la vie quotidienne d’un professeur de ZEP, a pointé du doigt le problème essentiel, celui-là même qui est au coeur de la déchéance sans fin de l’Education Nationale : la féminisation du métier.

C’est à cause de nous, les femmes, que ce métier a perdu de sa considération au sein de la société, que les élèves deviennent de plus en plus difficiles, que les parents ne nous soutiennent plus, et que de moins en moins d’étudiants se présentent au concours.

Il y a 3 siècles, autrefois, le rôle des femmes était sain, clair, et bien défini. C’était le pilier de la famille. Elle s’occupait de la maison, veillait à ce qu’elle soit bien entretenue, que le linge soit propre et bien repassé, et que les enfants et l’homme de la famille aient toujours quelque chose de bon à manger. C’était l’hôtesse parfaite, qui ne rechignait pas à partager ses petits secrets culinaires et autres. Le père de famille, en partant travailler le matin, savait qu’il retrouverait une maison propre, et n’aurait plus que les pieds à mettre sous la table.

Cette structure a été bouleversée. Les femmes ont eu le droit de vote, puis le droit de travailler, de signer des chèques et d’ouvrir des comptes en banque sans l’autorisation de leur mari.

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Alors, oui, je tiens à exprimer ma colère. Les manifs contre le droit accordé aux homosexuels de se marier, à côté, ce n’est rien.

Notre société a été complètement ravagée par la place prise par la femme dans le monde du travail.

Désormais, les hommes doivent mettre la main à la pâte lorsqu’ils rentrent chez eux, aidant pour le ménage, le linge, la cuisine, l’éducation des enfants. Enfants qui sont perdus car leurs parents travaillent tous les deux. Enfants qui sont déstabilisés par la présence de l’autorité féminine au sein du collège.

C’est donc décidé. Je démissionne pour devenir femme au foyer. D’ici quelques mois, vous me retrouverez sûrement sur un blog de maman dans lequel j’expliquerai comment je couds moi-même les couches et prépare les petits pots de mes chérubins sans la moindre difficulté.

J’ai décidé de recontacter Dylan, qui me roulait des pelles derrière le préfa quand j’avais 12 ans et me tenait la main. Je me souviens même du coeur qu’il avait dessiné sur mon agenda. Et de celui qu’il s’était fait sur l’avant-bras avec un compas.

Facebook est magique. J’ai retrouvé Dylan, sans aucune difficulté. Son profil était publique, j’ai donc pu consulter ses différents albums sur le tuning, ses tatouages, ses rencontres de motards. Je ne me suis pas laissée freiner par le fait qu’il faisait 150 kilos pour 1m65. Par contre ….

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Je vous laisse imaginer le désespoir qui était le mien en voyant défiler les photos de la construction de leur maison, de leur mariage…. Petit à petit, mes espoirs d’une nouvelle vie plus saine se sont évanouis.

En lisant la suite de l’article, pourtant, j’ai compris que j’avais peut-être ma place dans l’Education National malgré mon handicap (je suis une femme).

Antoine Compagnon pense que nous devrions nous diversifier dans notre enseignement. Si, pour l’instant, je ne donne pas encore de cours d’histoire-géo, de français, d’SVT ou toute autre matière pour laquelle finalement on se demande bien à quoi servent ce bac + 5 et ce CAPES, l’enseignant porte bien différentes casquettes.

07H35 : J’arrive au collège pour faire mes photocopies. La photocopieuse affiche « bourrage papier », et bien entendu, dans les différents tiroirs, il n’y a plus de papier. En quelques minutes, je vais chercher un carton de ramettes à l’administration qui doit peser à peu près 3 tonnes, le ramène, puis ouvre méticuleusement différentes portes de la photocopieuse pour retirer la feuille incriminée.

BILAN : En charge du ravitaillement, et technicienne-réparatrice s’ajoutent à mon CV.

07H50 : Je me rends compte que dans, ma salle, un petit malin s’est amusé hier à coller une feuille sur sa table. Je me sers dans le local des femmes de ménage et, à coup de chiffons et de produit, enlève les traces gluantes et collantes.

BILAN : technicienne de surface : check !

08H00 : En allant chercher mes élèves dans la cour, je constate qu’ils ne sont pas rangés 2 par 2, ce que j’exige qu’ils fassent depuis la rentrée. Avec quelques gestes et interpellations énergiques, le tout en 3 minutes chrono, tout le monde se range.

BILAN : Une carrière dans l’armée, pourquoi pas ?

08H04 : Juste avant de prendre les escaliers, je me rends compte que les lacets de Lucas ne sont pas faits, et qu’il risque donc de bien se ramasser. Non pas que cela ne me tente pas, vu comme il est pénible, mais bon…. Je le force donc à nouer ses lacets avant de prendre la direction des escaliers.

BILAN : Nounou agréée, assistante maternelle…tout est possible !

08H10 : Allan et Edgar se tapent dessus à coup de sac pour une histoire de place. J’interviens rapidement, leur attribuant chacun une place, avant de les semoncer sur l’utilisation de la violence. Edgar saigne de la main, je lui sors un pansement car l’infirmière n’est pas là (forcément, en étant sur 4 établissements en même temps)…

BILAN : médiatrice, éducatrice, infirmière…. on ne sait que choisir…

08H35 : Mandy éclate en sanglots, et refuse de parler à sa voisine. Je file un exercice à tout le monde, et sort avec elle dans le couloir, pour qu’elle m’explique que son grand-père est à l’hôpital pour une opération. Je tente de la rassurer en lui disant que l’hôpital est le meilleur endroit pour aller mieux, et qu’ils prendront bien soin de lui là-bas, avant de lui passer un mouchoir et de la raccompagner à sa place.

BILAN : Psychologue… et ouais !

08H45 : Bataille de boulettes de papier dans la salle. Je chope 3 coupables, les envoie chercher des balais, une balayette et une pelle et ils se mettent au travail jusqu’à la fin de l’heure.

BILAN : Coordonnatrice, que ça s’appelle….

09H17 : Alexandre arrive, il n’a toujours pas de trousse ou de cahier depuis le début de l’année. De sac non plus, d’ailleurs. Ses parents n’ont pas d’argent, et n’ont pas vraiment envie d’investir dans la scolarité de leur fils (genre son agenda, ben c’est celui de l’année dernière) Grâce à la mini collecte que j’ai organisée en salle des profs, il se retrouve avec un sac à dos, une trousse complète, un agenda, et des cahiers.

BILAN : image_1 (3)

Il y a beaucoup d’autres exemples, mais j’ai des paquets de copies de ma propre matière à corriger, et j’ai donc malheureusement peu de temps pour développer mon point de vue.

Mais j’invite cordialement M. Compagnon à venir assister à un de mes cours avec mes segpas, ce sera avec le plus grand des plaisirs !

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Tomorrow…

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A la pelle

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Comme d’habitude, mes 4e poireautent debout en début d’heure. J’attends le silence pour qu’ils aient l’autorisation de s’asseoir. Ils se dandinent, se lancent des stylos.

« Mais arrêtez de foutre le bordel, là, on va jamais s’asseoir ! »

Les 4e finissent par se taire et je leur donne l’autorisation de s’asseoir.

« Jimmy ? »

« Yes, Miss »

« Ellora ? »

« Elle est pas là parce qu’elle a dû aller chercher son fils à la crèche parce qu’il a la varicelle. »

expression neutre« Brayan ? »

« Ouais… »

« BRAYAN ? »

« Ben ouais, c’est bon, chuis là ! »

« Mais t’es con, toi ! Elle attend que tu dises « Yes Miss » ! »

« Ben…Yes, Miss. »

« Elodie ? »

« Yes, Miss ! »

« Baptiste ? »

« Mais Madame, il vient jamais à cette heure-ci, Baptiste ! Il dit que ça le fait chier de venir en cours à 13h parce qu’il est externe et il doit partir un quart d’heure avant, il loupe la fin des Douze Coups de Midi ! »

12 coups

« Madaaaaaaaaaame ! Y’a Pablo qui s’amuse à me faire des traits de marqueurs dans le cou depuis tout à l’heure ! »

« Arrête de mentir ! C’est pas vrai, Madame ! C’est pas moi, c’est Brayan ! »

« C’est pas moi, sale bâtard ! Je vais te démonter ! »

« Viens, je t’attends ! »

Les 2 coqs se lèvent de leur chaise respective.

démonter

Les boxeurs du dimanche se rasseyent, sous le choc. Comme le reste de la classe. Oups. C’est sorti tout seul.

« Pauline ? »

« Yes, Miss ! »

« Astrid ? »

« Elle viendra plus parce que sa mère aime pas l’endroit où elles habitent, alors elles sont parties hier soir. »

« Ewan ? »

« Si ! »

« Excuse me ? »

« Ah ouais je me plante avec l’espagnol. Yes, heu… Miss. »

« Axel ? »

« Yes Miss »

« Is Tom still missing ? »

« Yes. Nan mais lui de toute façon, il est venu genre une fois. »

« Ouais, on le voit jamais. »

explosé

« Emilie ? »

« Yes, Miss ! »

« Et Jérémy est toujours absent parce qu’il fait la récolte des betteraves avec son père, je suppose ? »

« OUI, MADAME ! »